Le problème avec les restos italiens, c’est qu’on a trop souvent le choix entre la trattoria qui propose des pizzas et quelques pasta et le resto dit « gastronomique », qui, souvent, n’a d’étoilé que le prix. Entre les deux, la cuisine familiale, celle que les Italiens savent magnifiquement sublimer, reste bien souvent le privilège des repas privés dans les cuisines des « mamma ». Chez Boo Bo, pas de « mama », pas de folklore inutile non plus. Une carte relativement simple. Mais du bon, du très bon dans l’assiette et du généreux.

Une carbonara -mon plat de pâtes préféré- chez des kosovars ! Là, j’en suis conscient, je m’attaque au sacré, à la Scuderia, à la Juventus. Pourtant, si l’on en croit Luca Cesari, auteur de « la Véritable histoires des pâtes » (Buchet-Chastel), la fameuse carbonara, aurait été inventée par les Américains, lors d’un dîner un soir de 1944, organisé à Riccione pour l’armée américaine… Rien d’étonnant : ça sent la fin du conflit, les Ricains ont un bacon fabuleux, de la très bonne crème, un peu de fromage et des jaunes d’œuf en poudre…

Cette version est également celle du géant agro-industriel Barilla. En avril 2021, l’entreprise de pâtes a réalisé un court-métrage, qui raconte l’histoire d’un soldat américain ayant pour mission d’inventer « un grand plat » pour rassasier les troupes déployées en Italie, « meilleur que les rations US ». 

« Un grand plat », aussi, chez Boo Bo (23,00 Euros). Plat signature, d’ailleurs. Rien à voir avec ces rations de fin de mois ric-rac au fond de la passoire en alu. Ici, une carbonara généreuse, gourmande, riche de guanciale (joue de porc affinée aux herbes), préalablement saisie dans une salamandre jusqu’à ce qu’elle devienne translucide, de jaunes d’oeufs qui ont vu le bleu du ciel, de pecorino romano pas trop piquant, de poivre noir du moulin… et de truffe blanche fraîche, oui oui, de la tuber magnatum (en latin s’il vous plaît) issue tout droit du Piémont - arrivage en direct deux fois par mois. 

A découvrir, aussi, la bio strozzapreti tartufata, viande boeuf, truffes fraîches, roquette, parmesan et vin rouge (23,00), le risotto funghi au vin blanc, tomates cerises, persil et champignons (23,00) et l’ossobuco milanese fatto in casa, carottes, céléri, sauce tomate, oignon, feuille de laurier, vin rouge et persil (25,50). Beau choix, enfin de pizze. Et excellent rapport prix-qualité.

Alain de Fooz 

Boo Bo Restaurant
916 chaussée de Louvain
1140 Evere
Tel : 02/315 33 78
www.booevere.com