L'affaire des contrats Pfizer, principal distributeur en Europe des vaccins contre le Covid-19 (80% des vaccins fournis), avait jusqu'à présent fait exclusivement l'objet de plaintes administratives à l’encontre de l’exécutif européen, notamment auprès de la médiatrice européenne, Emily O’Reilly, et de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui a été saisie par le New York Times. 

Frédéric Baldan, un spécialiste des relations sino-européennes accrédité auprès des institutions européennes, estime que les infractions présumées de corruption portent atteinte aux finances publiques de son pays et à la confiance publique, soit à « la croyance collective dans l'État en tant que puissance institutionnelle de réalisation du bien commun et de l’intérêt général ». Toujours selon le plaignant, qui s'est constitué partie civile, les finances publiques de la Belgique auraient été lésées par les négociations de Mme von der Leyen avec Pfizer concernant un contrat signé avec le géant pharmaceutique américain en mai 2021 et portant sur 1,8 milliard de doses de vaccin.

La Commission européenne a refusé de donner ces SMS en prétextant qu’ils étaient de nature privée et ne portant pas sur des discussions professionnelles ou d’affaires. Les deux plaignants soulèvent à l’inverse que ces échanges de SMS révèleraient une relation intime qui donc ferait l’objet d’un conflit d’intérêt grave dans cette affaire suscitant de facto une perte de crédibilité grave dans l’institution.

Next steps ….

Plusieurs scénarios sont désormais possibles : soit l’EPPO se saisit de la plainte et l’inclut dans l’enquête qu’elle a déjà ouverte sur le processus d’acquisition des vaccins Covid dans l’UE. Le Parquet européen nommerait alors un juge d’instruction belge. Soit l’EPPO ne se saisit pas de la plainte de M. Baldan, ce qui signifie qu’elle serait traitée à Liège, où la plainte a initialement été déposée. Et dans ce cas, soit le juge qui a enregistré la plainte mènera lui-même l’enquête, soit le parquet de Liège s’estimera territorialement incompétent. Ce dernier scénario est envisageable, puisque le lobbyiste réside dans la province de Liège, mais que les institutions européennes sont situées à Bruxelles, où les délits auraient eu lieu. Dans ce cas, le parquet de Liège demanderait à la chambre du conseil de transférer l’affaire à la justice bruxelloise.

Mais que fait l'Europe ? SMSGate, QuatarGate, lobbying et corruption, même combat ? Il est long le chemin de l’irréprochabilité institutionnelle ! Affaire à suivre …