« Compte tenu de la pénurie actuelle, pour combler les nombreux postes vacants, on se tourne vers la main-d’œuvre immigrée depuis l’étranger. Mais il serait préférable d’orienter les demandeurs d’emploi de Wallonie et de Bruxelles vers nos postes vacants. C’est loin d’être le cas aujourd’hui », déclare Tom Ongena. Il estime qu'il s'agit d'une occasion manquée. Mais, quels sont les arguments avancés par les francophones pour ne pas travailler en Flandre ? La distance ? La langue ? L'éducation/les compétences ? Les différences culturelles ? « Les Wallons sont des couche-tard et des profiteurs », dézinguent en réaction des internautes flamands sur les réseaux sociaux.

Le wallon ne veut pas travailler

Plus de 45.000 Wallons travaillent en Flandre : « Stigmatiser les demandeurs wallons n’incite pas à améliorer l’attractivité des entreprises flamandes », peut-on lire dans La Libre de ce 24 août. Certes, on peut l’entendre. Gros bémol toutefois : ils étaient 61.000 en 2021 ; 16.000 ont donc jeté l’éponge en 1 an (sic !). Ensuite, lorsque le phénomène se répercute aussi du côté francophone du pays, cela pose d’autant plus question. Malgré de grandes campagnes de recrutement, Brussels Airport, la SNCB, Infrabel, la police ou l’armée (pour ne citer qu’eux), tentent vainement de recruter des milliers de travailleurs mais n’y arrivent pas non plus. 

« Il y a plus de Français et de Polonais qui travaillent en Flandre occidentale que de Wallons. Là, on a un problème et ça ne peut pas être la barrière de la langue, car les Français parlent français », tacle la députée N-VA Kathleen Depoorter dans L’Echo. Parmi les demandeurs d’emploi francophone, 49% sont, en outre, de longue durée.

Le wallon est malade

Il y a trop de chômeurs wallons, martèle-t-on au nord du pays : 1,27 million de Belges (26%) sont inactifs et ne cherchent pas d’emploi dans la catégorie des 20-65 ans. Si la Belgique fait figure de mauvaise élève à l’Europe, derrière la Grèce, la Roumanie, la Croatie et l’Italie, le taux d’activité est cependant de 79,7% en Flandre et donc nettement supérieur à celui en Région bruxelloise (70%) et à celui de la Wallonie (69,4%). Selon une étude « La Belgique est malade », réalisée par Randstad en 2021, le pourcentage de malades de longue durée en Wallonie est de 7,5% contre et 5,7% en Flandre. Parmi ces « malades », une proportion de jeunes en nette augmentation. Si rien ne change, la Belgique pourrait compter près de 600.000 personnes en invalidité d’ici 2035, écrivent Mediahuis et L’Echo, sur base de projections du Bureau fédéral du Plan. 

 

Une morbide obésité sociale

Voka (Vlaams netwerk van ondernemingen réseau d’entreprises flamand) représente plus de 17.000 sociétés qui totalisent 66% de la valeur ajoutée en Flandre et 65% du marché de l'emploi privé. Pour aider la Flandre occidentale en forte pénurie d’emplois, le réseau d’entreprises flamand a décidé de se tourner vers le Mexique et l'Inde pour aider les entreprises de la province à trouver de nouveaux travailleurs. Cette initiative suscite beaucoup d'incompréhension. « On en vient à recruter au bout du monde », s’étonne Jan Denys (Randstad), expert du marché du travail. « J'espère que ce constat servira de catalyseur dans le Hainaut pour adopter une approche différente et plus efficace de l'activation des chômeurs ». 

Du côté francophone du pays, force est de constater que l’on végète dans une morbide obésité sociale et la Gauche continue à ne pas vouloir le reconnaître. Pour alimenter le marché du travail, les partis majoritaires flamands N-VA, Open VLD et CD&V persistent et signent : la main-d'œuvre étrangère doit être le dernier recours. Il faut d'abord continuer à pêcher dans l'étang belge. Des pistes, monsieur Magnette, pour tenter de ferrer l’un ou l’autre poisson quelque peu volontaire ?