Une compétence ministérielle sérieusement mise en doute

Ses compétences dans le domaine de l’Education Nationale, on pouvait déjà raisonnablement les mettre en doute, du reste, au vu de son curriculum vitae : une ancienne joueuse de tennis, très moyenne de surcroît, peut-elle, en effet, se montrer sérieusement à la hauteur de cette éminente et très sensible fonction ministérielle, nonobstant sa brillante carrière comme haut fonctionnaire au sein de la très complexe administration française ?

La confusion des genres : Quand la forme du discours occulte, par son outrance verbale, le fond du problème

Certes, y avait-il un fond de vérité, par-delà son étonnante désinvolture, et surtout son patent manque de tact, dans la dure critique que cette ministre vient donc d’émettre aussi précipitamment, au lendemain même de sa nomination, par ailleurs déjà objet de légitimes polémiques dès le départ, à l’encontre de l’école publique. Mais était-ce vraiment là, au vu de son rôle en tant que Ministre de l’Education Nationale précisément, le moment tout autant que le lieu de cracher ainsi dans la soupe, au risque d’insulter par là la profession, tout entière et sans nuances, qu’elle est pourtant censée, au contraire, protéger, améliorer et diriger tout à la fois ?

C’est dire si, dans cet étrange et surtout très malvenu mélange des genres, la forme du discours ministériel a fini par occulter là, par son outrance verbale, le véritable fond du problème !

Une insulte au ministère de l’éducation nationale tout autant qu’à l’école publique

Davantage : c’est l’école française en son ensemble, et donc son propre Ministère au premier chef, dont le travail des ministres qui l’ont précédée à ce poste, qu’elle a ainsi inconsidérément – stupidement, oserais-je dire, plus encore que maladroitement – dénigrés.

Le manque de classe, sinon d’éducation

Oui : quel flagrant manque de classe – c’est le cas de le dire, en l’occurrence  – pour cette Ministre de l’Education, visiblement peu éduquée en matière de formalisme politique, déplorant ainsi à l’emporte-pièce, justement, le désolant manque de classes, plus encore que les non moins regrettables lacunes d’enseignement par faute d’enseignants, à l’école !

Pis : et l’éducation même, de la part de cette inénarrable ministre, dans tout cela ? Peut-elle devrait-elle effectivement retourner à l’école pour apprendre, sinon cette minimale politesse due à son prestigieux rang, du moins les bonnes manières !

La laïcité foulée au pied et un avenir politique déjà compromis

Et puis, peut-être plus grave encore, en dernière analyse, pour une ministre de la République censée connaître et respecter l’inaliénable principe, comme les imprescriptibles lois, de la laïcité : est-ce vraiment là, encore et toujours, le rôle d’une authentique ministre républicaine que de privilégier une institution privée, catholique de surcroît même si certes éminemment respectable, au détriment l’école publique ? 

Mal joué, en effet, de la part de cette ancienne joueuse, paraît-il, de tennis, mais dont surtout, par voie de conséquence, l’avenir politique, plus encore que la crédibilité professionnelle, semble ainsi déjà assombri, sinon compromis, voire plombé !

La faute à Attal et Macron

Mais qu’à cela ne tienne : le plus coupable, en cette lamentable affaire mais réelle faute politique, est le tout nouveau Premier Ministre, Gabriel Attal, qui vient de nommer ainsi, probablement sous la directive houlette de son autoritaire maître, Emmanuel Macron en personne, une ministre dont le seul mérite, en matière d’Education Nationale, est, confondant misérablement là ce crucial et vaste Ministère avec celui des Sports, des Jeux Olympiques et Para-Olympiques, la maigre, sinon médiocre, récolte de lauriers exclusivement sportifs.

Une affligeante vie politique

Affligeant, pour ne pas dire indigne, ce navrant manque de sérieux, doublé de manifeste incompétence par-delà ses nombreux mais démagogiques effets d’annonce, sinon de seul marketing, au sein de l’actuelle vie politique française !

 

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, auteur d’une quarantaine de livres, dont « Philosophie du dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps » et « Le dandysme, dernier éclat d’héroïsme » (publiés tous deux aux Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (publiés tous deux chez Gallimard-Folio Biographies) et directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » et « Repenser le rôle de l’intellectuel » (publiés tous deux aux Editions de l’Aube, avec la collaboration, pour le premier, de la Fondation Jean Jaurès).