Le paysage mondial

Au milieu des conflits internationaux en cours, l'échec de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, la fin de l'accord sur le nucléaire iranien, les négociations de paix entre l'Arabie saoudite et Israël et la réouverture de l'ambassade de l'Arabie saoudite en Iran ont occupé le devant de la scène. Cependant, ces événements ont conduit les décideurs politiques européens et américains à négliger la menace latente qui s’est aujourd’hui transformée en une véritable crise.

Le rôle du régime iranien dans la crise

Du moment où la guerre a éclaté, certains hommes politiques américains et européens ont pointé du doigt l’Iran comme étant le cerveau derrière l’attaque du 7 octobre. La question se pose : qu’est-ce qui a fait de l’Iran une menace si redoutable pour la paix et la sécurité dans la région, et comment a-t-il réussi à agir avec autant d’audace ? La « politique de complaisance » des pays occidentaux, notamment au cours des 40 dernières années, et les concessions significatives faites ces derniers temps, sont au cœur de ces attaques meurtrières et du conflit en cours.

Apaisement envers l’Iran

L’Iran a non seulement fourni publiquement à la Russie des armes et des drones destinés à être utilisés en Ukraine, mais il a également brutalement réprimé ses propres citoyens. Lorsque des manifestations massives ont éclaté en Iran, avec des gens exigeant la liberté et la démocratie, les politiciens européens sont restés largement les bras croisés, se contentant des gestes vides de sens, comme se couper les cheveux en solidarité avec les Iraniennes révoltées. Bien que le Parlement européen ait adopté une résolution en janvier 2023 appelant le Conseil de l'UE à désigner les Gardiens de la révolution iraniens (CGRI) comme organisation terroriste, le Conseil de l'UE n'a pris aucune mesure. La Belgique, après un an de débats politiques et de procédures judiciaires, même contre la décision de sa propre Cour constitutionnelle, a extradé vers Téhéran un diplomate terroriste iranien, reconnu coupable d'avoir orchestré un attentat terroriste qui, s'il n'avait pas été intercepté, aurait pu être parmi les attentats terroristes les plus meurtriers de notre histoire récente. L’administration Biden a décidé de débloquer 6 milliards de dollars pour l’Iran, récompensant essentiellement la diplomatie de prise d’otages du régime iranien. Toutes ces concessions ont été accordées à l’Iran, malgré les avertissements répétés de l’opposition iranienne selon lesquels de telles actions ne feraient que conduire à davantage de conflits et de terrorisme.

La politique d’apaisement de l’UE envers l’Iran s’est étendue au-delà de ces actions. Lorsque le régime iranien a été confronté à d’importantes protestations internes, les pays européens et les Américains ont soutenu par inadvertance la campagne de diabolisation du régime iranien contre son opposition démocratique viable, l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran(OMPI). Les principaux médias ont fortement censuré les activités de l’opposition iranienne à l’intérieur et à l’extérieur du pays. De plus, le camp d'Achraf en Albanie, où habitent quelques 2800 membres de l’OMPI, a été perquisitionné par la police alors qu'il doit être protégé par les Conventions de Genève. Le raid a entraîné la mort d’un membre de l’OMPI. Le régime iranien a également exercé des pressions sur la France pour qu'elle annule le rassemblement annuel de l'opposition démocratique iranienne, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), au lendemain d'une conversation téléphonique de 90 minutes entre Emmanuelle Macron et Ebrahim Raïssi, actuel président du régime iranien, qui est considéré comme l'un des principaux responsables du massacre des prisonniers politiques en Iran en 1988. Toutes ces actions ont été perçues comme un feu vert permettant au régime iranien de mettre en œuvre ses plans infâmes.

Le prix de l’apaisement

Comme le dit le proverbe : « Si vous nourrissez le crocodile avec votre main, il vous prendra le bras ». Aujourd’hui, le monde est témoin des conséquences désastreuses de la « politique d’apaisement ». Comme l’a souligné la présidente élue du CNRI, Mme Maryam Radjavi, lors d’une conférence à Paris le 11 octobre 2023, « Khamenei a ouvertement déclaré que si le régime ne s’engage pas dans les conflits à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak, ou au Yémen, il devra affronter le peuple en colère et la jeunesse rebelle à Kermanshah, Hamedan, Ispahan, Téhéran et Khorassan. Khamenei s’appuie sur l’inaction de l’Europe et des États-Unis lorsqu’il recourt au bellicisme et aux exécutions. Le massacre de civils innocents alimente le fascisme religieux en Iran et sert de bouclier et de couverture pour réprimer le soulèvement et éviter sa chute. Pour parvenir à la paix et à la liberté, il faut cibler la tête du serpent (le leadership) à Téhéran.»

En conclusion, la crise actuelle au Moyen-Orient souligne l’impact dévastateur des « politiques d’apaisement ». L'incapacité de faire face aux actions agressives de l'Iran et les concessions accordées à un régime qui favorise ouvertement le conflit ont contribué à la perte de milliers de vies et à l'escalade de la violence. Pour parvenir à une paix et une sécurité durable dans la région, il est essentiel de repenser et de réviser les politiques occidentales à l’égard de l’Iran et de s’attaquer aux causes profondes de ces conflits.

Ali Bagheri Ph.D

Chercheur à l'Université des sciences appliquées Thomas More,
Militant pour les droits de l ‘homme et la démocratie en Iran