Endoctrinement et violation du Code pénal

Ce lundi 11 septembre, deux associations ont déposé un recours auprès de la ministre de l’Éducation en contestant le contenu du guide pour l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), adopté la semaine dernière. Dans leur communiqué de presse, les associations L’Observatoire Petite Sirène et Innocence en danger dénoncent « le caractère idéologique et hypersexualisé de l’EVRAS, qui met en danger le développement psychoaffectif de l’élève, et précisent que cette orientation engendre des infractions légales manifestes (…) Il est évident que par le truchement de la mouture actuelle du guide, elle (La communauté française) poursuit un but d’endoctrinement des élèves et ne contribue dès lors pas à l’épanouissement psychoaffectif de ceux-ci ».

Les requérantes dénoncent l’effacement du sexe biologique au profit du genre, la banalisation et la promotion de la transidentité - « sans considération des graves conséquences irréversibles psychologiques et physiques d’un tel choix » - ainsi que des propos antiscientifiques faisant croire à l’enfant « que l’intersexualité est un choix » et que l’enfant « a conscience de sa sexualité dès la naissance ». Elles soulignent également la violation de plusieurs dispositions du Code pénal, notamment « l’introduction de la prostitution de manière neutre à des mineurs non consentants ».

Des questions qui n’ont pas lieu d’être

Dans une tribune parue dans le La Libre, ce 11 septembre également, Benoît Gallez, Directeur de l’école secondaire, Centre scolaire Saint-Michel, s’insurge également contre certains passages du guide EVRAS. « Je m’inscris totalement dans la nécessité de prodiguer des animations à l’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (Evras). Mais le projet actuel porté par la Fédération Wallonie-Bruxelles m’inquiète en plusieurs points (…) une série de contenus du guide sont de nature à faire en sorte que des jeunes, même de très jeunes enfants, se posent des questions qu’ils ne se seraient jamais posées et normalisent des comportements problématiques (non pas en termes de morales religieuses, mais bien en termes de construction affective) », affirme-t-il.

Dans le guide, on trouve des phrases du type : « pouvoir appliquer les règles de base concernant l’envoi de photos intimes » (page 285, public cible : jeunes de 9 à 11 ans). « Voilà que sont exposées les dérives fondamentales de ce guide. Ses pratiques sont-elles à ce point courantes chez les jeunes de 9 à 11 ans qu’il faille en faire une Habilité/Savoir-faire à leur âge ? Qu’on nous démontre ! »,fustige-t-il.

« Par ailleurs, je m’insurge contre l’idée de ne pas dissuader les jeunes de s’envoyer des sexting ou des nudes. Comme père de famille, et je n’aurais pas l’impression d’agir en ultra-catho conservateur, il est évident que j’interdirais (oh, le vilain verbe peu à la mode, mais à prendre au sens premier “exprimer un interdit”) à mes enfants d’ “extimiser” ce qui relève de l’intime. Dès lors, je serais outré d’apprendre qu’un(e) professionnel (le) de l’Evras leur dise le contraire. Pire : leur enseigne les règles de base pour en envoyer en toute sécurité ».

Une pièce de théâtre infantilisante et gênante

Si EVRAS met les parents sur la touche, quelle que soit la forme et les pratiques convictionnelle du noyau familial en termes d’éducation sexuelle, qu’en pensent les premiers concernés ? En France, depuis plusieurs rentrées scolaires, un système équivalent a été mis en place dans les écoles de l’Hexagone.

Sur les réseaux sociaux, M.C. (14 ans) de Paris, tacle : « On nous prend pour des enfants quand on nous parle de sexualité, il serait temps de nous parler correctement. C’est guignol ! Cela en est même gênant ! ». V.T. (13 ans) de Lyon, renchérit en commentaire : « Moi ce qui me saoule le plus, c’est que le prof dit qu’il n’a jamais regardé de porno, donc moi je peux pas le prendre au sérieux. Comment on peut parler de quelque chose qu’on dit que l’on ne connaît pas ? C’est n’importe quoi, non ? ». La plupart des jeunes français semblent estimer que ces sujets sont mal traités à l’école, hypocritement ou trop pudiquement. Résultat ? Si leurs parents restent silencieux sur le sujet, à défaut de réponses satisfaisantes à l’école, ils se tournent vers d’autres intermédiaires, tel que TikTok. Un adolescent raconte ainsi avoir croisé une vidéo humoristique où un jeune garçon parvenait à couper un concombre au travers d’une capote sans qu’elle ne craque. Au-delà de l’avoir fait rire, il explique que cela l’a rassuré sur l’efficacité des préservatifs : « on se divertit et au moins on apprend ».

L’apprentissage autonome et virtuel est-il mieux ? Autre question. En revanche, une première conclusion s’impose sur les pratiques d’enseignement : comment peut-on former des élèves à l’éducation affective et sexuelle en excluant l’ensemble des paramètres qui construisent la personnalité d’un adulte, qui plus est enseignant (fût-ce-t-il « formé pour »)? Comment empêcher l’interaction subjective entre les compétences qu’il est censé enseigner et les représentations/convictions/pratiques sociales et sexuelles qui lui sont singulières ? Entre formation aux composantes biophysiologiques de l’homme et de la femme relevant de connaissances purement scientifiques et éveil psychosociales de l’élève, dans le respect de la réalité familiale et culturelle dans laquelle il vit, où se situe le juste curseur dans la construction du sujet ? Avec quel dénominateur commun devant 25 élèves ?

La ministre Caroline Désir aurait dû d’abord s’attaquer à l’ensemble de ces questions fondamentales,  avant de jeter les bases d’un nouveau conflit ouvert en termes d’éducation. L’enseignement nous promet encore un joli bordel cette année…