Usant d’un vocabulaire récurrent dans la langue de bois du régime de Pékin, plus les jours passent, plus la Chine assume un positionnement favorable à la branche armée du Hamas. Depuis l’attaque d’une sauvagerie monstrueuse, les responsables chinois ne prononcent pas deux mots : « Hamas » et « terrorisme ». Entre-temps, un réseau chinois de guerre de l'information encourage les récits anti-israéliens et pro-Hamas. Dans son traitement, la chaîne de télévision officielle CCTV met l’accent sur les souffrances de la population gazaouie. Les images des bombardements israéliens tournent en boucle. En revanche, presque rien n’est dit sur les atrocités commises par le Hamas. Aucune condamnation claire. Pourquoi, après des décennies d'investissement dans des liens bilatéraux plus étroits, Pékin serait-elle si prompte à abandonner Jérusalem ?

Des visées expansionnistes

L’attaque génocidaire du Hamas s’est produite alors que les représentants de 130 pays s’apprêtaient à se rendre à Pékin, les 17 et 18 octobre suivants, pour prendre part au Forum des « Nouvelles routes de la soie ». Et pas question de faire capoter le Sommet. Lancées en 2013 par Xi Jinping, l’événement politique majeur a entraîné la Chine dans une aventure politico-économique inédite. A coup de centaine de milliards d’euros de prêts chinois, le projet vise à améliorer le développement et les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique grâce au financement de la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports et de parcs industriels au moyen des milliards de dollars de prêts chinois. Le but ? Permettre à la Chine d’accéder à d’avantage de marchés, mais aussi consolider son statut de puissance mondiale sur la scène internationale. 

Continuer à placer ses pions

Si la Chine apprécie l'économie de haute technologie d'Israël, elle apprécie encore plus les ressources énergétiques de l'Iran. Ce pourquoi, Pékin courtise Téhéran. Le 27 mars 2021, un accord de coopération stratégique sur 25 ans est historiquement conclu dans la capitale iranienne. Et peu importe donc que l’Iran soit, en plusieurs coins du monde, « maître de la guerre » par procuration. Il soutient, en effet, non seulement le Hamas, mais aussi d'autres groupes fondés sur une idéologie anti-israélienne, du mouvement chiite Hezbollah au Liban au Jihad islamique sunnite dans la bande de Gaza et en Syrie. Sans oublier que l'Iran est également devenu un mécène de la Russie, en armant Moscou pour sa guerre en Ukraine.

Les affaires d’abord

En refusant de reconnaître les faits pour ce qu’ils sont, la Chine offre au Hamas la perspective de l'impunité. Mais, pour les dirigeants chinois, le monde des affaires n’est jamais très éloigné de leurs préoccupations premières. La crise entre Israël et Gaza met clairement en danger les ambitions chinoises au Moyen-Orient. Le choix est donc vite fait. Au diable les droits de l’homme et les conventions internationales, à la trappe l’éthique politique. Le « terrorisme » est apparemment une pure question de contexte et d’intérêts au pays du Soleil-Levant. Alors, les exactions commises à l’encontre des Ouighours, c’est résiduel. Et celle commises à l’encontre des Juifs aussi ….