Le site UN Watch a publié une pétition avec le texte suivant : « Ce n’est pas une plaisanterie. La République islamique d’Iran a été nommée présidente du Forum social du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à compter du 2 novembre 2023. Nous demandons à l’ONU : ‘Où est la logique ? Où est la morale ? Dites NON à la légitimation par l’ONU d’un régime qui bat, aveugle, torture et viole les femmes pour avoir revendiqué leurs droits. Expulsez le régime meurtrier de l'Ayatollah ! ». La pétition a réuni 123.486 signataires, sans que l’ONU ne se départisse de son choix. L’organisation Human Rights Watch a aussi tenté d’alerter. Sa pétition demandant de révoquer la présidence iranienne a été signée par plus de 90.000 personnes. Silence radio. Deux jours durant, le représentant d'un régime oppresseur modère les débats sur la promotion des droits de l'homme. Et, c’est passé comme une lettre à la poste !

Et pourtant, la semaine dernière encore, la mort d’Armita Garavand, cette lycéenne de 17 ans décédée dans des circonstances troubles, après une altercation avec la police des mœurs pour être montée dans le métro sans son voile, réveillait le spectre de celle de Mahsa Amini, arrêtée pour la même raison et morte le 16 septembre 2022 après trois jours de coma. L’Iran, qui soutient depuis des années le Hamas, est aussi mis en cause dans la résurgence du conflit israélo-palestinien. 

Une organisation onusienne mafieuse

Lors d'une conférence de presse qui s’est tenue à Genève, ce 2 novembre, des représentants d'ONG et le CNRI ont fermement condamné la nomination de l'envoyé du régime iranien au Forum social du Conseil des droits de l'homme de l’ONU. Plus tôt dans la journée, un courrier, signé par plus de 180 experts des droits de l’homme, juristes et Prix Nobel, a été envoyé au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, pour dénoncer cette nomination.

Copyright : Le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) a organisé ce 2 novembre une conférence à Genève pour condamner la présence du régime iranien à la présidence du Forum social du Conseil des droits de l'homme de l'ONU 

Jean-Pierre Brard, membre de l'Assemblée nationale française, Antonio Stango, président de la Fédération italienne des droits de l'homme, Tahar Boumedra, ancien représentant du secrétaire général des Nations unies pour les droits de l'homme en Irak, Safora Sadidi - dont le père et six autres membres de sa famille ont été assassinés par le régime iranien - et Behzad Naziri, représentant du CNRI auprès d'organisations internationales, ont assisté à la conférence et y ont pris la parole.

Dans une partie de son intervention, A. Stango a déclaré que « la nomination de l'envoyé du régime iranien au Forum social du CDH témoigne de la faiblesse du système des Nations unies, qui permet à des régimes oppressifs tels que celui de l'Iran de présider ses différents organes, tournant ainsi en dérision les principes de l'ONU ».

J.P. Brard a, quant à lui, fustigé ce qu'il a qualifié de « complaisance des pays occidentaux à l'égard du régime iranien ». Il a comparé « l'attribution de la présidence d'un organe du HCR et l'octroi de 6 milliards de dollars au régime iranien à la distribution de milliards par la Réserve fédérale américaine à la famille d'Al Capone ».

Pour B. Naziri, « la décision de nommer le représentant d'un régime qui a été condamné dans 69 résolutions pour des violations flagrantes et systématiques des droits de l'homme, qui a exécuté plus de 600 personnes au cours des 10 premiers mois de 2023 et assassiné 750 manifestants lors du soulèvement de 2022 et 1 500 autres lors du soulèvement de 2019, est inexplicable et porte atteinte aux valeurs mêmes que les Nations Unies ont pour mandat de protéger, de promouvoir et de faire respecter ».

Des dictatures sans complexes

Force est de constater que la réalité dépasse la fiction. L’organisation onusienne ne respecte pas sa propre Charte et les valeurs universelles qu’elle véhicule dans ses grands textes normatifs. Et pourtant peu de remous dans les sphères politiques. Le résumé de ce que la communauté internationale semble considéré comme un épiphénomène ? Seuls les Etats-Unis ont boycotté le Forum. Pour le surplus, le silence assourdissant de nos démocraties aura permis au représentant d’une dictature religieuse sanguinaire et répressive d’avoir une tribune de choix à l’ONU pour faire outrage aux morts, aux familles des victimes et aux prisonniers de la liberté. Une nébuleuse de pays autoritaires s’infiltre sans complexe dans la galaxie onusienne.