Déjà en 1992, qui s’en souvient, Hennart insupportait la galerie. Jeune juge, il avait pourtant été nommé pour monter en appel. Il était chargé à Nivelles d’une instruction non pas directement liée aux tueurs du Brabant wallon, comme il se plait à en entretenir l’ambiguïté, mais relative à l’assassinat de l’ingénieur de la FN Mendez. Et centrée sur les faits qu’auraient pu commettre là les anciens gendarmes Madani Bouhouche et Robert Beijer.

Alors qu’Hennart est attendu par toutes les huiles de la Cour d’appel à la réception solennelle en son honneur, Il ne se présente pas. Bien qu’ayant accepté sa nomination quelques mois plus tôt, Monsieur n’entendait pas entrer en fonction. Parce qu’il n’avait pas encore terminé son instruction … 

L’entourage de l’époque évoquait déjà de sa part « une comédie ». Qu’on se rassure : il sévira malheureusement assez vite et durant quelques années en degré d‘appel. Lors de la commission d’enquête parlementaire en 1997, les collègues du Luc s’étaient plaints à leur tour qu’il l’avait joué solo et qu’il ne collaborait pas avec ses collègues. Il prétendait mordicus que son dossier, qu’il celait jalousement, ne fournirait pas le moindre élément utile sur la piste des tueurs. 

25 ans plus tard, Hennart le crie à nouveau sur tous les tons. Tellement fort qu’il en devient suspect. Que craint donc l’homme qui veut tout contrôler « face aux juges » ? Au réalisateur, il lance : « j’ai le regret que vous n’ayez pas pris contact avec moi ». A ceux qui douteraient de son enquête : « je le dis et je le répète haut et clair, quand en 1992 je quitte ce dossier puisque l’instruction est terminée, il n’y a pas un élément qui relie ces 2 personnages aux tueries du Brabant ». Morveux : « les enquêteurs, policiers, juges d’instruction se sont livrés à d‘incroyables élucubrations ». Poursuivant sa tradition de grande collégialité, il range l’actuelle juge d’instruction Martine Michel parmi les idiotes : « son déplacement en Thaïlande était absurde, absolument absurde ». Nuisant par ses interventions à l’action de la justice si des liens qu’il réfute ont néanmoins existé. C’est étrange : le guide des magistrats prévoit qu’il traite de manière confidentielle l’information dont il prend connaissance dans l’exercice de ses fonctions. Un ancien juge rêvant de devenir nouveau ministre de la Justice peut-il déjà se mettre hors-la-loi ?