Interrogée par voie de presse sur ces fameux blocs de béton, l’imparable ministre bruxelloise de la (im)Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), précise qu’ils sont parfois loués et parfois achetés par les communes qui les placent elles-mêmes. Bien entendu, il n’y a aucun critère esthétique imposé : en effet, qui peut résister au charme austère et robuste d'un bloc de béton, pesant jusqu’à 300 kg, balancé à la va-comme-je-te-pousse dans un décor urbain ? Pas grand monde, à en juger par l'enthousiasme des responsables communaux qui n'ont pas hésité, depuis 2016, à en installer des milliers dans les rues de la ville. 2.838 pour être précis. 

Un impact environnemental

A force de les imposer, ils sont devenus un élément incontournable du paysage bruxellois, un symbole d’austérité où chaque rond-point rappelle le Checkpoint Charlie…  L’enthousiasme est tel que le gouvernement bruxellois n’a que faire d’un placement « raisonné ». L’important, c’est de rappeler que le trafic doit se gérer de manière martiale, alors ils leur portent un amour sans fin ! Bétonnez-moi tout ça ! Et tant pis si pour cela, il faut sortir les biftons : 70 euros HTVA pour le mètre de béton, hors placement. Le citoyen bruxellois est ravi de décaisser sur ses impôts pour voir sa ville défigurée… 

Et tant pis aussi si le bilan écologique est catastrophique : le béton est le pire ennemi de l’environnement après le plastique et Jeff Bezos. Immobiliser les voitures qui « polluent » en les balisant au béton, on a connu écologiquement plus efficace, mais les Bruxellois doivent donc « faire avec… ». 

Vive les fleurs !

Comble de l’ironie, pour tirer leur épingle du jeu, tout en se voilant la face, les Verts proposent d’égayer tout cela en mode Cetelem. On va végétaliser les blocs ! Alors on se prend à rêver de petites fleurs multicolores très « Cuba Libre ». Hasta la victoria siempre ! Allez, ne dit-on pas que « l'élégance est partout, même là où on ne l'attend pas » ? Dans un bloc de béton comme dans un coucher de soleil, dans un chantier de construction comme dans un musée. Bruxelles, ma belle, tu es le reflet miroir d’une cacophonie Ecolo grise et désolante… Rien d’étonnant qu’ils dégringolent dans les sondages. Heureusement, il reste aux Bruxellois un esprit délicieusement moqueur : ces 900.000 kg de béton urbain déversés dans les rues de la ville ont suscité un compte Instagram mercyforthebrusselsjerseys qui leur rend un vibrant hommage.