Même après avoir raclé les fonds de tiroir, les caisses de la police fédérale sont à sec. Plus rien, nada. Ce qui entraîne des retards de paiement depuis plusieurs semaines. Sur la pile des encours : les factures énergétiques, celles relatives à l’acquisition de nouveaux véhicules bloqués chez le concessionnaire pour défaut de paiement et celles de certains consultants externes, notamment, dans le domaine informatique. Tout cela n’est pas très engageant pour la sécurité publique à devoir assurer ! Etrange situation, aussi, dans laquelle on expose et désarme celles et ceux censés protéger les citoyens, alors qu'on protège et arme celles et ceux qui profitent du système.

Plus de 50% du temps à travailler pour l’Etat

Dans une excellente tribune, parue le 27 juillet dans le Trends, l’éminente fiscaliste Typhanie Afschrift nous explique que le jour de la libération fiscale (NDLR : soit la date à partir de laquelle les contribuables travaillent et investissent pour eux et non plus pour l’Etat) s’est produit, cette année, le 13 juillet dernier. Plus exactement, le calcul consiste à comparer le niveau total des prélèvements obligatoires (c'est-à-dire les impôts et les cotisations de sécurités sociales obligatoires) au total du produit intérieur brut et ce basculement s’opère en milieu d’année. « Ces chiffres ne sont malheureusement qu'un rappel de ceux qui avaient créés une certaine commotion il y a quelques mois, lorsqu'il a été révélé par l'OCDE qu'en Belgique, les salariés se voyaient prélever 52% en moyenne de leur salaire. Cette fois il s'agit de données qui ne concernent pas seulement les salaires, mais l'ensemble des revenus », détaille-t-elle.

Plus de 50% des citoyens vivent sur le compte de l’Etat

Malgré une pression fiscale écrasante pour cause de « dépenses publiques », l’Etat ne parvient plus à assumer ses missions premières. Mais, comment est-ce possible ? « C’est ce qui se passe lorsque dans un pays, il y a plus de bénéficiaires nets que de contributeurs nets », poursuit Typhanie Afschrift. « On pourrait présenter cela d'une autre manière: la proportion des personnes qui perçoivent la plus grande part de leurs revenus de l'Etat a tendance à augmenter et dépasse les 50% ». A cela, s’ajoute la lasagne institutionnelle et les salaires de nos ministres, secrétaires d’Etat, sénateurs, députés et autres cabinettards, dont le nombre et l’efficacité cumulée restent à prouver. Plus, ne les oublions pas, au passage, une fameuse couche d’ayants-droits de tous bords, consultants et experts … (sic !)

Difficile, en ces termes, de rationaliser le fonctionnement de l’Etat et d’en réduire les coûts.« C’est un danger pour le système car cela pourrait signifier, si les électeurs votent en fonction de leurs intérêts directs, qu'il ne sera jamais possible d'inverser la tendance », précise la fiscaliste qui s’appuie sur des statistiques qui grimpent dans le mauvais sens. « Une réalité qui rassurera très certainement les politiciens de gauche dans leur volonté de pérenniser l’Etat providence ». Pour eux, cela ne fait aucun doute ! « Tout le monde a gagné ! », comme disait Jacques Martin dans « L’Ecole des fans ».  

Dans ce contexte larvé, le gouvernement qui succèdera à celui-ci fera-t-il mieux pour récompenser le labeur des contribuables qui travaillent ? Certainement pas si « on prend les mêmes et on recommence ».