Si les circonstances exactes de l'accident restent floues, une chose est certaine : le bus, après avoir chuté, s'est enflammé à cause de ses batteries. De leurs propres explications, dépêchés sur place, les pompiers ont été confrontés à un terrible défi : l’électrique ! Contrairement à l’’incendie d’un moteur thermique, les feux de batteries nécessitent des techniques d'extinction et de désincarcération spécifiques. 

Des risques de « thermal runaway »

Les feux de batteries lithium-ion, couramment utilisées dans les véhicules électriques, sont particulièrement ardents et difficiles à éteindre. Contrairement aux incendies classiques, l'eau peut aggraver un feu de batterie en provoquant une réaction chimique. Les pompiers doivent donc utiliser des agents extincteurs spécifiques, tels que des mousses ou des poudres, pour les éteindre.

En outre, et pour couronner le tout, les feux de batteries peuvent reprendre même après avoir été éteints, en raison du thermal runaway, un phénomène où une cellule de batterie endommagée peut s'échauffer et enflammer les cellules adjacentes ! Les équipes de secours doivent donc surveiller de près la zone de l'incendie pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, après afin de s'assurer qu'il ne reprend pas…

Des désincarcérations délicates

La désincarcération d'un véhicule électrique est tout aussi complexe. Ces véhicules contiennent des systèmes électriques haute tension qui peuvent électrocuter les secouristes s'ils sont coupés ou endommagés pendant l'opération ! Les formations des équipes de secours sont-elles suffisantes ? Les secouristes sont-ils vraiment tous aguerris à ces techniques de sauvetage ?

De plus, la structure renforcée de nombreux véhicules électriques, conçue pour protéger les batteries, peut rendre la désincarcération encore plus difficile. Les outils « classiques » peuvent ne pas être suffisants pour découper ces structures. Là encore, on peut se reposer la question : les secouristes sont-ils suffisamment équipés en équipements renforcés et à l’utilisation de ces derniers ? 

Enfin, la présence de batteries endommagées présente un risque d'explosion ou d'émissions de gaz toxiques. Encore une fois, tout est question de formation et d’équipement : les secouristes doivent en effet prendre des précautions supplémentaires, comme assurer une ventilation adéquate et porter des équipements de protection respiratoire.(voir notre article précédent : Court-circuit en vue pour les dépanneurs et les pompiers)

Les médias et leur obsession 

L'état du réseau routier italien est certes préoccupant. Cependant, focaliser l'attention de l’opinion publique sur ce seul aspect occulte un problème tout aussi grave : la sécurité des véhicules électriques. L'accident de Venise n'est pas un cas isolé. Les incidents aux conséquences désastreuses impliquant des véhicules électriques sont même de plus en plus fréquents en Europe, comme ailleurs.

En mettant en évidence les risques associés au « tout électrique », cette tragédie devrait servir d’alerte et inciter les gouvernements à installer les garde-fous nécessaires en termes de maîtrise du risque. Hélas, il n’en sera probablement rien. L’électrification générale est en marche, quitte à « brûler » les étapes, notamment celles concernant l’aspect sécuritaire, que ce soit dans la conception des véhicules électriques, comme dans la formation et l’équipement des services de secours.