Les arrivées irrégulières de migrants en Italie depuis l'Afrique du Nord ont presque doublé entre janvier et août 2023, par rapport à la même période l'an dernier. Elles se sont élevées à près de 114.300 contre 65.000 à la même période en 2022, selon les chiffres de Frontex. Le gouvernement de Giorgia Meloni tente vainement d’endiguer les activités de sauvetage en mer des ONG. Et pour cause.

Une complicité entre ONG et passeurs

En 2017, un réseau de passeurs de migrants, avec de possibles liens avec des jihadistes, est démantelé en Italie. Le 2 août de la même année, accusée de « favoriser l’immigration clandestine » plutôt que de sauver des vies en mer, l’ONG allemande Jugend Rettet est privée de son navire de secours en Méditerranée par les autorités italiennes. La Luventa est conduite sur l’île de Lampedusa, puis placée sous séquestre par les garde-côtes italiens, à la demande du procureur de Trapani (Sicile). Selon les magistrats italiens, les membres de Jugend Rettet entretiendraient des liens directs avec les trafiquants d’êtres humains qui lancent des embarcations depuis les côtes libyennes en direction de l’Europe, se faisant ainsi leurs auxiliaires. 

En décembre 2016 déjà, le Financial Times révélait l’existence d’un rapport confidentiel de Frontex dans lequel l’organisation exprimait ses réserves quant aux activités des ONG dans la région, créant, selon elle, un « appel d’air », ce qui conduira d’ailleurs la justice italienne à ouvrir une enquête.

Collusions et trafics d’êtres humains

Grâce à des officiers de police infiltrés parmi les bénévoles des ONG, au terme d’un long rapport d’investigation, de plus de 650 pages, soutenu par le juge Maurizio Agnello, trois ONG sont mises en cause en mars 2021 : Save the Children, Médecins sans frontières et Jugend Rettet. Au total 21 personnes sont suspectées d’avoir convenu de points de rendez-vous avec des membres de milices libyennes pour récupérer plus facilement les migrants entassés sur des embarcations de fortune. Un groupe WhatsApp intitulé Humanitarian SAR (pour Search and rescue), et composé de plus de 70 personnes, servait à échanger les coordonnés GPS

Douze opérations de sauvetages, entre le mois de mars et le mois d’octobre, sont considérées comme suspectes. Les trois organisations sont accusées d'avoir « contourné le système de secours mis en place par les autorités italiennes » et d'avoir « collaboré avec des trafiquants d'êtres humains ».

Soutien indirect à un business

Dans le droit maritime, un navire qui croise un bateau en détresse est tenu dans un premier temps d'avertir le centre de coordination des opérations de sauvetage (MRCC) à Rome, qui dans un second temps lui assigne la mission de lui porter secours. Selon l'enquête, les ONG recevaient les localisations des navires de migrants en amont de la part des passeurs. Ils pouvaient alors se positionner au plus près des eaux territoriales libyennes et des navires attendus pour avertir le MRCC et se voir assigner les missions de sauvetage.

Une autre enquête, conduite cette fois par l’Agence européenne Frontex, est parvenue aux mêmes conclusions, et va plus loin en évoquant une responsabilité indirecte imputable à toutes les ONG, y compris celles qui ne communiquent pas directement avec les passeurs. « Toutes les parties impliquées dans des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale aident involontairement les criminels [NDLR : les passeurs] à atteindre leurs objectifs à un coût minimal et renforcent leur modèle économique en augmentant leurs chances de réussite », résume ainsi l’agence.

Le Plan Mattei : un plan à torpiller ?

À la suite de l’arrivée massive de 11.000 migrants en 3 jours sur l’île de Lampedusa fin septembre dernier, le Premier ministre italien Giorgia Meloni est pointé du doigt pour sa gestion de la crise migratoire, dont elle avait pourtant fait un axe fort de sa campagne présidentielle. « Il y a un paradoxe dans le traitement de l’information sur l’Italie à l’étranger. Dans un premier temps, que ce soit Giorgia Meloni ou Matteo Salvini, on les accuse d’être contre l’immigration, xénophobes et conspirationnistes. Et quand Giorgia Meloni n’arrive pas à appliquer son programme, on lui reproche de ne pas faire assez contre l’immigration tant légale qu’illégale », souligne, dans un entretien accordé à Epochtimes, Alexandre Del Valle, spécialiste des questions géopolitiques et auteur de « La mondialisation dangereuse, vers le déclassement de l’occident ? ».

Et de préciser : « Meloni veut construire des rapports avec les pays d’origine d’où partent les migrants, clandestins ou non clandestins (…) Le plan Mattei vise à développer l’Afrique le plus possible. Ce n’est donc pas un plan visant les arrivées de migrants, c’est quelque chose d’extrêmement plus ambitieux et de longue haleine (…), à savoir donner une vraie possibilité de fixer les populations sur place, de développer l’électrification, les projets agricoles, les projets culturels, les projets d’éducation (…) Je trouve qu’il est assez malhonnête de juger Giorgia Meloni sur une année d’exercice avec les nombreux obstacles qui existent, en ce compris mettre hors la loi les ONG qui ne respectent pas un carnet de route qui a été élaboré depuis des années par Frontex (…). C’est un travail énorme. Ce sont douze travaux d’Hercule extrêmement difficiles à mener par Meloni et le rapport des services secrets italiens montre que des forces très puissantes font tout pour essayer de favoriser des arrivées massives de migrants et pour démontrer à l’opinion publique que Meloni n’y arrivera jamais » (sic !)

CQFD…