De la désinformation en cascade

Aux origines de nos peurs, des craintes qui s’expliquent en grande partie par des circonstances historiques, les destructions d’Hiroshima et Nagasaki étant inscrites dans l’inconscient collectif. Or, la conscience de cette possibilité renouvelée a poussé les scientifiques à élaborer des systèmes de sécurité très performant pour atteindre aujourd’hui un niveau de risque extrêmement faible, voire nul. Le brassage médiatique sur les fortes probabilités de défaillance n’est donc que de la désinformation, tout comme les lieux communs qui circulent sur la gestion des déchets nucléaires et les émissions de CO2, avec une confusion permanente sur les chiffres. 

L’énergie nucléaire a ainsi connu plusieurs étiquettes médiatiques, selon les tendances du moment : La sureté nucléaire en question (2005), l’émergence médiatique du renouvelable (2010) et la croissance des contestations sur l'éolien (2011-2016). Le point de bascule survient heureusement en 2017 avec le retour en grâce du nucléaire. Pourquoi ? Parce que le renouvelable a démontré ses faiblesses : faible productivité et/ou intermittence. Des faiblesses d’autant plus mises en exergue avec la survenance de la crise énergétique en 2022.

La technologie nucléaire pour les nuls

Mais, malgré un changement de paradigme, le débat public sur le bilan des avantages et inconvénients du nucléaire est toujours grevé par une ignorance entretenue : « Le nucléaire participe au réchauffement climatique ». Et pourtant, difficile, même pour les plus fervents antinucléaires de ne pas l’admettre, les chiffres sont sans équivoque : le nucléaire est bien un moyen de produire de l’électricité faiblement carbonée. 

Comment se fait-il que les centrales nucléaires soient si économes en émission de CO2 ? Parce que non, la fumée qui sort des tours desdites centrales, ce n’est pas du CO₂, mais juste de la vapeur d’eau. La production d'électricité dans les centrales nucléaires entraîne ainsi une émission de CO2 marginale, contrairement aux centrales au charbon ou au gaz, où l'on brûle des combustibles fossiles.

Pour contrebalancer cette évidence, les Verts, relayés par les médias, font alors souvent planer le doute sur le fait que c’est l’ensemble du cycle nucléaire qu’il faut analyser : « celui-ci est polluant et ce cycle de vie doit être pris en compte dans les calculs ». Là aussi, les experts sont unanimes sur le sujet : Si l'on tient compte de l'ensemble du cycle de vie d'une centrale nucléaire (y compris l'extraction et le transport des matières premières, la construction et le démantèlement de la centrale nucléaire et, enfin, le stockage et le traitement des déchets), les émissions de CO2 dues à l'énergie nucléaire sont comparables à celles des énergies renouvelables.

La voie du futur

L’énergie nucléaire, qui fut une découverte scientifique révolutionnaire au siècle dernier, ne cesse d’entrouvrir de nouvelles voies. Elle apparaît plus que jamais comme une énergie d’avenir dans les domaines de la transition énergétique, mais aussi de la recherche médicale (prévention, diagnostic, traitement), de la recherche spatiale et de la mobilité. Dans les domaines de l’agriculture, pour lutter contre des bactéries et des virus, et de l’alimentation, elle contribue à l’amélioration des techniques agricoles et de conservation des aliments. L’énergie nucléaire favorise aussi la protection de l’environnement (si, si !) - notamment des fonds marins - grâce à des études sur l’acidification des océans et la pollution plastique. Elle joue également un rôle dans la restauration d'œuvres d’art et facilite grandement le travail des archéologues. Elle permet de dater, d’identifier et de reconstituer l’histoire des objets découverts lors de fouilles.

De la réflexion à l’action

Pourquoi dès lors la presse fait-elle si mal son travail sur le sujet ? Les raisons en sont multiples, des choix idéologiques à l’incompétence, en passant par la difficulté objective du sujet qui exige investissement et connaissances. Mais, si l’argument est acceptable pour la presse, ce serait là une conclusion beaucoup trop indulgente pour les politiques et les industriels. Ces derniers ont, depuis des années - pour cacher la véritable plus-value véritable du nucléaire - usé et (sur)abusé d’un discours publicitaire privilégiant les « éléments de langages » faciles, à leurs avantages pluriels, au détriment d’une information détaillée et honnête.

Or, le nucléaire est le meilleur outil aujourd’hui permettant de produire de l'électricité de base et de garantir la sécurité de l'approvisionnement, tout en nous permettant d'atteindre nos objectifs climatiques. La réflexion est l’alternative à la crainte. Parce que de la réflexion naît l’action …