Que les nourritures terrestres et celles de l'esprit aient quelques affinités, on s'en doutait un peu depuis « Le Banquet » de Platon, où les plaisirs du banquet - le symposium, en grec - servent d'apéritif à de savoureuses joutes philosophiques, où la table devient le lieu parfait ou s'exprime notre oralité, qui consiste à parler et à déguster. 

« A table, on apprend le goût de l’Autre. Manger ensemble permet de ressentir conjointement les mêmes saveurs, de partager des émotions, de construire des souvenirs dont on pourra se remémorer la trace quand la nourriture, elle, aura disparu. » Il parle bien, Denis Roberti, le chef. La Table des Amis, c’est son idée, son envie : attirer les groupes d’amis, faire de sa maison un havre de convivialité. L’homme est affable. Il est aussi à l’aise derrière les fourneaux qu’en salle, justement, avec ses hôtes. Il suffit de le voir décrire, par le menu, chacun de ses plats. 

Une image contenant nourriture, assiette, plat, garniture
    
    Description générée automatiquement

Saliver, ce premier plaisir

Au plus grand bonheur de la tablée, l’artiste, alors, se dévoile. Et comme il impose par sa taille, le silence s’installe. Ainsi, je me souviens d’une description d’un pressé de bœuf cuit comme une tête de veau, avec du vieux pain, de la chapelure et des champignons, dont une griffe de dragon. Et d’aller jusqu’à en décrire la saveur -tendre, croquante et rafraichissante. Tout le monde salivait.

Récemment, j’avais opté pour un lièvre à la royale. Trente-six heures à 64 degrés, s’il vous plait ! Purée de panais, marrons confits, tuile de pommes de terre aux truffes. Un vrai bonheur, hors du temps.  

Corine suit, avec les vins. Discrète, mais très présente par son savoir, son goût assuré. 

Plus proche et plus semblable

Se retrouver entre amis pour un repas est une chose, se sentir accueilli en est une autre. Un vrai repas n’est pas un entre-soi ; il se partage aussi avec ceux qui vous reçoivent. Rares, aujourd’hui, sont les enseignes qui savent recevoir, qui savent créer ce lien d’échange. On vous jette la carte de la même façon qu’on vous jettera ensuite l’addition : sans souffle, sans vie. Cochon payeur ! Quelle tristesse ! Quelle méprise, surtout. Le repas est bien plus qu'un moment où l'on ingère de la nourriture, c'est un lieu de « remplissage affectif ». Et cela, Corine et Denis l’ont bien compris. 

Une image contenant Snack, dessert, assiette, nourriture
    
    Description générée automatiquement

 

Plus qu’une longue carte, le principe des trois menus de La Table Roberti (4, 5 et 6 services ; 68, 75 et 83 euros) favorise l’idée de partage. Brillat-Savarin, le célèbre gastronome français du XVIIIe siècle, disait : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ! » D'une manière générale, si je mange la même chose que quelqu'un, je deviens plus proche et plus semblable. C'est, en implicite, ce qui se passe dans l'eucharistie : ceci est ma chair, ceci est mon sang, c'est un rite d'incorporation. Qu'importe la classe sociale, la table célèbre le lien entre les hommes. Manger et boire ensemble établit une identité entre les hôtes. 

Vive les amis !

La Table Roberti
Rue Goffinet 11
1325 Chaumont-Gistoux
www.table-roberti.be