Mais quel bonheur de ne pas entendre les deux cents spectateurs tousser ni aucun portable qui sonne. Nous sommes dès les premiers mots saisis par Clémentine Célarié. Scotchés à nos sièges, conquis par le texte construit à merveille. Plus nous avançons, plus l’indicible nous envahit. « Elle aimait un ange, il était le diable. » C’est un drame familial qui éclate au sein de cette famille austère.

Gabrielle de Miremont est figée dans l’austérité de la vieille aristocratie catholique dont elle est l’incarnation : une bigote qui se prend pour la fille de Dieu et qui prend son fils pour un dieu. Jusqu’à ce matin-là, où un gendarme vient lui annoncer la mort de son fils, son enfant préféré, sa fierté, le père Pierre-Marie. Son monde s’écroule. Cet effondrement prend racine quelques semaines plus tôt, à la suite d’un article de presse révélant une affaire de prêtres pédophiles dans sa paroisse …

Sur scène, on assiste à la confrontation entre l’amour d’une mère et les déchirements que va provoquer la réalité de son fils adoré. La justice maternelle peut-elle se substituer à l’encontre d’une croyance engagée ? Jusqu’où l’amour outragé va-t-il conduire Gabrielle ? L’espoir déçu est tragédie. Elle vacille dans ses convictions et dans le déshonneur de ne pas avoir pu envisager l’inimaginable…

Clémentine Célarié joue comme elle respire, à la perfection. Jamais, elle ne surjoue. Elle ne caricature pas. Elle dédramatise sur sa propre mise en scène, avec des effets qui sortent de l’ordinaire. C’est sous la lumière d’une simple bougie que l’on assiste à son effondrement.

On pourrait presque dire que c’est une pièce sur l’éducation qui devrait questionner tout parent. Dire que Clémentine Célarié est exceptionnelle serait un pléonasme… Mais dire merci est un respect à une comédienne à l’immense talent !

Le spectacle se joue actuellement au Théâtre de La Pépinière à Paris jusqu’au 4 mai. Nous espérons avec force que la pièce sera présentée en Belgique. (Nous vous tenons au courant)