Tout paraît accuser de jeunes Belges revenus d'une terre de djihad. Sous le choc des événements, les deux associés d'une modeste agence de presse tentent de rassembler des informations. Yves Demeulemeester active ses contacts dans le milieu islamiste tandis que Léopold Verbist recueille le témoignage du père de l'une des victimes. 

Dans la capitale les premières échauffourées éclatent, les magasins sont pillés, les cocktails Molotov enflamment les voitures. L’ombre d’un attentat plane.

Au même moment Bruxelles avait l'insigne honneur d'accueillir un nouvel évêque auxiliaire, Mgr Dubois. La nouvelle de l'attentat l'avait cueilli le jour de son intronisation et le prélat en profitait pour y aller de son antienne devant les caméras. -Dieu ne laissera pas impuni le massacre des saints Innocents. Je vois dans cette tragédie un avertissement. Cessons de nous complaire dans une existence dont nous avons banni Jésus-Christ. Convertissons-nous tant qu'il est temps. Retrouvons le chemin que nous indique notre seigneur.

  • Et voilà, brandissons l’étendard de la vraie foi pour faire pièce aux adorateurs des fausses idoles, ricana Yves Demeulemeester.

Tout se corse lorsqu'Ingrid Mertens, militaire d'active, sergente spécialisée dans les armes légères et mère adoptive d'un enfant-soldat du Congo, leur apprend la disparition de son fils, petit voyou évoluant aux marges de bandes urbaines comme celui des Black Cobras. Aux dernières nouvelles, Jérémie s'était mis à fréquenter des cathos ultras, « les Frateschi », une cellule spéciale des croisés.

Dans les acteurs du récit, nous trouvons l’inspecteur principal Martial Chaidron et son adjoint Bart Vandekasteel. Depuis un an, le duo de péjistes avait rejoint une cellule de la police fédérale chargée de rechercher des adultes signalés disparus. Une punition pour ces deux anciens enquêteurs de la criminelle après un micmac dans lequel ils s'étaient imprudemment avancés. Bref, les occasions de tomber sur un cas palpitant étaient exceptionnelles. D'où l'entêtement de Bart à chercher l'arsenic dans les sédiments du désespoir, la balle derrière la plaie du mal-être, le couteau sous le lit de la libido contrariée. Un homicide eût pu les remettre en selle, leur ouvrir le chemin de l’enquête criminelle, la vraie. Et les exonérer de l'épluchage de vie insipides, de comptes bancaires plongeant dans des gouffres vertigineux ou de situations professionnelles d'une médiocrité terminale. Pas le moindre devoir ne leur avait été confié. Pas même une fouille paresseuse dans une quelconque banque de données. Aucun coup de fil ne leur était adressé. Et nul courrier électronique urgent ne leur parvenait. Le vide. Comme s'ils avaient disparu dans les mêmes limbes que leurs clients habituels. Dès lors lorsque la disparition de Jérémie Mertens leur est communiquée par l’un des journalistes, leur réactivité s'enclenche.

Dans les airs, au-dessus de la capitale, les hélicoptères cartographient en temps réel la situation des forces en présence. Les chevaux de la cavalerie chargent les manifestants, les caméras de surveillance engrangent le maximum d’images. Malgré une mobilisation aux niveaux hiérarchiques les plus élevés, la réaction des autorités donne une impression de flottement.

Éléments fédérateurs, le roi va tenir un discours et la princesse héritière va rendre visite à l’Iman de la grande mosquée…

François Weerts livre d'une main de maître un palpitant thriller politique dans une ville de Bruxelles méconnaissable, capitale de toutes les douleurs et de toutes les haines.

Les morts de Beauraing – François Weerts – Editions Rouergue Noir – 2023 – ISBN 9782812625084