La période fut brève, mais elle a suscité des inquiétudes sur l’avenir du développement de l’IA générative, et en particulier, quant à la place d’OpenAI sur ce marché. Reste maintenant à savoir quelles traces vont laisser ces cinq jours de crise. 

D'un côté, il y a ceux qui, comme Sam Altman, considèrent que le développement rapide et, surtout, le déploiement public de l'IA sont essentiels pour tester et perfectionner la technologie. De l'autre, il y a ceux qui estiment que la voie la plus sûre consiste à développer et à tester l'IA en laboratoire, afin de s'assurer qu'elle est, pour ainsi dire, propre à la consommation humaine.

En creux, c'est le schisme entre les tenants de l’« effective altruism » et ceux de l'« effective accelerationism » qui agite désormais la Silicon Valley. Les premiers prônent un développement raisonné et prudent de l'intelligence artificielle, croyant fermement qu'elle pourrait représenter un risque pour l’humanité. Sutskever et deux autres membres du conseil d'administration d'OpenAI font partie de ce courant de pensée.

L'« effective altruism » - qui n'est d'ailleurs pas un mouvement homogène - est largement critiqué par l'« effective accelerationism », une théorie un peu plus obscure. Pour ses tenants, la technologie et surtout l'intelligence artificielle sont des opportunités pour l'humanité. Un peu dans le même ordre d'idée que le transhumanisme - qui prévoit une fusion de l'homme et de la machine - la technologie va radicalement bouleverser l'humanité. Pour cela, il faut donc enlever les freins et investir massivement pour continuer le développement des modèles. Et parvenir au Graal : l’AGI (Artificial General Intelligence). Côté sombre, c'est le modèle du Terminator, une machine digne d'un cerveau humain.

Sam Altman se veut rassurant : si elle était créée, l'AGI, « pourrait nous aider à élever l'humanité en augmentant l'abondance, accélérer l'économie mondiale et aider à de nouvelles découvertes scientifiques », écrit-il, soulignant qu'elle « pourrait aider à lutter contre le réchauffement climatique ou à coloniser l'espace. »

Débat philosophique, mais surtout de très gros enjeux financiers. Microsoft, qui a soutenu OpenAI à coups de milliards, pousse pour de nouvelles fonctionnalités. Google, qui promet de ne sortir que des outils « sûrs », accélère radicalement, tout comme Apple.

De toute évidence, l'épisode du départ de Sam Altman a mis en lumière les tensions qui parasitent depuis des années la Silicon Valley dans le domaine. Et avec son retour en grâce, plus puissant que jamais, les optimistes de l'IA ont marqué des points.

Alain de Fooz
Editeur responsable Solutions Magazine
www.soluxions-magazine.com