Jusqu’à l’adoption du traité de Maastricht, il y avait peu de normes, l’objectif de l’UE étant de créer les conditions nécessaires à la prospérité de ses citoyens, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, des transports ou de l’énergie. Ce traité a donné des pouvoirs législatifs au Parlement européen, qui n’a pas hésité à les utiliser.

Bureaucratie à l’extrême !

Les 705 membres du Parlement européen ont besoin de grain à moudre pour exister. Malheureusement, après le 9 juin, leur nombre passera à 720, alors qu’il aurait dû être considérablement réduit. Ils ne sont pas très connus dans leurs circonscriptions, d’une part parce qu’ils sont souvent choisis non pas pour leurs propres mérites, mais pour les services rendus au parti ou pour une retraite dorée (vous les connaissez !), et d’autre part parce que les gens éloignés de Bruxelles-Strasbourg ne s’intéressent pas aux débats dans les institutions européennes. Pour un peu de visibilité, ils deviennent rapporteurs, c’est-à-dire responsable de la négociation d’une directive. Pour que chacun ait son accessit, il faut demander à la commission de nouvelles normes, car c’est la seule institution qui dispose du droit d’initiative, c’est-à-dire du droit de proposer des législations. Cette demande se fait par le biais de « résolutions du Parlement », qui sollicitent à la Commission des législations. Par exemple, le Parlement européen a récemment adopté une résolution sur l’enseignement de l’histoire européenne dans les écoles, dans le but de lui donner la primauté sur l’éducation nationale. 

Par ailleurs, il existe des milliers d’ONG qui vivent des programmes financés par la commission et qui, par un mécanisme pervers d’endogamie, fournissent aux députés européens les informations que la commission attend, pour perpétrer le cycle. Dans la résolution sur l’enseignement de l’histoire, par exemple, le lobby LGBT a réussi à introduire la disposition suivante au point 14 de la résolution : « déplore l’absence d’une approche suffisamment multiculturelle et sensible au genre dans l’enseignement de l’histoire ». L’enseignement futur de l’histoire aurait donc une dimension LGBT. La Commission devra en prendre compte dans sa proposition, sans doute après avoir consulté les « parties prenantes ».

Des normes, encore et toujours des normes !

Cet excès de normes se retrouve dans tous les domaines, jusque dans l’hôtellerie et la restauration, et je pourrais illustrer le cauchemar des directives sur l’énergie. Mais puisque nos agriculteurs ont décidé de manifester leur ras-le-bol, nous allons, même brièvement, rester dans l’actualité.

Les médias veulent nous faire croire que les tracteurs allemands ont envahi Berlin à cause du prix du diesel agricole, puis que le prix du lait est trop bas de quelques centimes, et maintenant ce serait pour s’opposer aux négociations avec le Mercosur. Tout cela est vrai, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Lorsque le parti BBB a vu le jour l’année dernière aux Pays-Bas, c’est parce que les agriculteurs devaient abattre un tiers de leur bétail pour « sauver la planète ». De même, en Irlande, le gouvernement a exigé l’abattage des moutons pour se conformer au Pacte vert.

Lorsque ce Pacte vert a été présenté, j’ai écrit dans les médias qui voulaient bien me permettre de dire à quel point ce surplus de législation créait une écologie punitive qui mécontenterait le grand public, mais aussi les agriculteurs. J’avais écrit que l’on passerait des gilets verts aux salopettes vertes. Malgré le fait que nous étions nombreux dans chaque État membre à alerter, aucun politicien ne nous a prêté attention, ils étaient tous devenus verts.

Sus à la frénésie législative !

Maintenant que les écologistes de tous les partis sont devenus agriculteurs, le parti d’Ursula von der Leyen demande que chaque nouvelle législation proposée par la Commission soit accompagnée de la suppression de deux autres. Le Parti populaire européen se réveille un peu tard face à la catastrophe qui s’annonce. Or, ce n’est pas seulement le nombre qui compte, mais aussi la complexité et le nombre d’articles. Avec les ONG qui s’imposent à chaque étape, les parlementaires ne cessent de compliquer les normes pour leur plaire, créant ainsi des monstres juridiques verts.

Ce ne sont pas les terres agricoles qui doivent être mises en jachère, mais la frénésie législative de la Commission et du Parlement. S’il y a tant de sympathie pour les agriculteurs, c’est parce qu’ils représentent le désenchantement de l’opinion publique. Les lecteurs de Pan le savent, mais cela mérite d’être répété : « Si vous contrôlez le carbone, vous contrôlez la vie ». Nos vies, comme celles des agriculteurs, sont étroitement contrôlées. Les politiciens leur disent même quand ils doivent semer. En France, la plantation et la taille des haies sont réglementées par 14 normes différentes !

Quant à moi, je vais maintenant aller semer mes tomates parce que je sais que c’est le moment de le faire. Je profite de ce que le Parlement européen n’a pas encore décidé de contrôler cela.