« L’expérience de notre résistance est que la lutte contre la dictature et l’extrémisme islamiste au pouvoir en Iran et la lutte pour l’égalité ne sont pas deux batailles distinctes. Parce qu’il est impossible de combattre la tyrannie religieuse sans libérer l’extraordinaire énergie des femmes et des hommes d’avant-garde. Un mouvement progressiste qui veut combattre la tyrannie religieuse doit faire face à l’idéologie obscurantiste fondée sur le sexisme et l’égocentrisme destructeur. Il ne peut en conserver des traces et des éléments dans ses pensées et ses relations. La nécessité de l’égalité est de mettre de côté la vision rétrograde et marchande à l’égard des femmes. A la place, il faut établir une culture et des relations dans lesquelles une femme ne dépend pas d’autrui et n’est la propriété de personne. Elle est un être indépendant et doté de libre choix qui peut prendre en main les rênes de son propre destin et conduire le monde présent vers un monde meilleur.

Les premières victimes du pillage impitoyable mené par les mollahs, les premières victimes de cette économie en lambeaux et les premières victimes du chômage et du sans-abrisme sont les femmes opprimées partout en Iran. Depuis ici, je dis à mes sœurs insurgées d’Iran, en particulier à la jeune génération d’avant-garde : le salut de ces millions de femmes iraniennes enchaînées par l’oppression, la pauvreté et l’exploitation, est entre vos mains. Levez-vous ! Levez-vous et remplissez l’Iran tout entier et le monde de ce cri : Non au voile obligatoire, non à la religion obligatoire, non au gouvernement obligatoire ! On peut et on doit renverser la dictature religieuse !

Ces jours-ci, les mollahs jugent par contumace 104 membres et responsables de l’OMPI et de la Résistance dans un procès tapageur à Téhéran. On les accuse de lutter pour renverser ce régime.
Un autre des crimes majeurs de ce mouvement, officiellement énoncé par le procureur des mollahs, est d’avoir accepté le leadership des femmes. Ils ont raison, le leadership des femmes défie l’existence même du régime.

La participation généralisée des femmes à la lutte pour un changement de régime n’est pas un processus aléatoire et spontané. Nous avons vu avec quel soutien et avec quel passé les Iraniennes ont été en tête des soulèvements. Dans une lutte continue et libératrice, les femmes de l’OMPI se sont rebellées contre la culture née du sexisme et de l’égocentrisme et représentent une nouvelle révolution.

Leur expérience se résume à cette devise « on le peut et on le doit ». Elles ont été capables de repousser l’incrédulité, cette force inhibitrice, pour acquérir une nouvelle confiance en elles.

Dans les ténèbres de la misogynie, de la jalousie, de l’exclusion et de la concurrence négative, elles ont fait du sacrifice et du dévouement pour leurs sœurs leur ligne de conduite. Elles ont mis de côté les valeurs du monde archaïque comme donner de l’importance à l’apparence, la jeunesse et la vieillesse, qui dévoraient leur énergie. 
Elles sont les pionnières de l’acceptation de lourdes responsabilités et de modèles d’une gestion collective qui rejettent l’arrivisme, le « moi d’abord » et le « seulement pour moi ». Cependant, elles sont toujours au premier rang en termes de sacrifices et de sens des responsabilités. Elles ont su développer l’écoute des autres, qui est la clé de relations avancées et une remarquable faculté humaine. Elles ont appris que les divergences d’opinions, la variété des méthodes et des critiques ne sont pas la cause d’une perte d’énergie, mais une source de force et de progrès.

Briser le sort des inégalités n’est pas possible sans un bond en avant. Ce bond en avant est l’hégémonie des femmes, qui est d’autant plus nécessaire en raison de notre lutte contre une tyrannie misogyne, et leur participation active et égale au leadership politique et à d’autres domaines de responsabilité.

J’ai la conviction qu’un jour, la vision de la femme comme objet de commerce deviendra un passé honteux de l’humanité et chaque femme sera considérée comme une personne dotée de libre-choix, maître de toute son existence.

 J’ai la conviction que la participation égale des femmes dans les sphères politiques et économiques garantit la liberté et la démocratie, la sécurité, la justice et le progrès. Je crois que la défaite du fondamentalisme et de la tyrannie religieuse au pouvoir en Iran est possible grâce à ces précurseurs iraniens, femmes et hommes, combattifs et émancipés. Et les femmes sont la force capable de changer la destinée de l’époque actuelle.
L’expérience la plus glorieuse de ma vie est de voir la lutte des femmes et des hommes de ce mouvement pour se libérer et établir entre eux des relations sans discrimination ni inégalité.

Forte d’une telle expérience, c’est avec encore plus de foi et d’espoir que je dis aujourd’hui que l’aube de la liberté et le printemps de la démocratie et de l’égalité en Iran avec la révolution démocratique du peuple iranien sont inéluctables. »

Les déclarations de solidarité formulées par les autres intervenantes, ont suscité des réactions furieuses de la part des supplétifs politiques du régime iranien opérant sous divers couverts prétextes, démontrant la peur qu'inspire au régime le CNRI et l'OMPI.

Nous citerons ici certaines intervenantes à la conférence :

Najat Vallaud Belkacem, ancienne ministre française, a déclaré, « les femmes iraniennes, qui luttent depuis plus de 40 ans contre le régime, savent que leurs revendications resteront lettres mortes tant que ce régime misogyne restera en place. Elles savent que dans cette affaire, l'égalité des genres et la quête de liberté et de démocratie se mêlent étroitement. Elles savent que le problème est politique et que donc la réponse doit être aussi un combat politique. Alors, elles sont déterminées à renverser ce régime pour établir une république démocratique. »

Michèle Alliot-Marie, plusieurs fois ministre en France, a déclaré à la tribune: « La liberté, l'égalité entre les hommes et les femmes, la laïcité, ce sont des droits pour tout être humain quel qu'il soit. Et c'est bien ce qui vous motive aussi dans votre action quotidienne, à travers l'ensemble des actions que vous pouvez mener. Alors résister à ceux qui le nient est pour nous non seulement une nécessité mais c'est un devoir. »

Anneli Jäätteenmäki, ancienne première minitsre de Finlande : « Le régime n'autorise aucun droit, ni aucune dignité humaine pour les femmes. Nous sommes toutes venues ici pour soutenir les femmes iraniennes, pour soutenir la lutte des femmes pour retrouver leur dignité et leurs droits humains, pour permettre aux hommes et aux femmes de vivre en paix sans exécutions politiques, sans assassinats politiques et sans emprisonnements. Et je suis sûre que la voix du changement se fait entendre. »

L'ancienne Présidente de Lettonie, Ms Vīķe-Freiberga : « Aujourd'hui, l'Iran ne souffre pas seulement d'une théocratie brutale qui a déshumanisé la moitié de sa population, en particulier les femmes, mais il est également responsable de la livraison d'armes de destruction à la théocratie brutale de la Russie, aujourd'hui connue sous le nom de Fédération poutinienne. Vous vaincrez, vous qui travaillez et luttez pour votre nation. Vous devez l'emporter parce que l'humanité ne peut pas se permettre de vous perdre. »

Rosalía Arteaga Serrano, ancienne Présidente et Vice-président de l’Equateur : « Le Conseil national de la Résistance iranienne, dirigé par Mme Maryam Radjavi, a fait preuve de courage et de vision dans sa lutte pour la consolidation des droits pour tous, en particulier pour les femmes en Iran. Son slogan, "Nous le pouvons et nous le devons", reflète les sentiments d'une communauté opprimée à la recherche de ses droits. Depuis l'Amérique latine, et en particulier depuis l'Équateur, pays situé au centre du monde, je tiens à exprimer ma solidarité avec les femmes et le peuple d'Iran. »

Ingrid Betancourt, qui a fait des recherches et étudié le cas du principal groupe d'opposition iranien, l'Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) pendant plus de 10 ans, a parlé de son expérience personnelle concernant la campagne de désinformation du régime iranien contre Maryam Radjavi et les femmes de l'OMPI et a déclaré : « Quand ils nous disent qu'il s'agit d'un culte de la personnalité, de fake news et de diabolisation, cela me rend malade parce que je connais la vérité. J'ai vu Maryam Radjavi comme une femme qui n'est pas au-dessus des autres. Elle est constamment au service de ses pairs. Et toutes les personnes qui sont entrées dans cette salle ont vu le travail des femmes de l'OMPI. Ces femmes ont été habilitées par Maryam Radjavi à prendre le leadership, à agir et à prendre des décisions pour le bien-être d'une grande communauté ». Dans une autre partie de son intervention, elle a déclaré : « Lorsque nous voyons les Iraniennes diriger ce mouvement de résistance, nous devons nous demander comment cela s'est produit. C'est parce qu'elles ont eu un modèle. Le rôle de Maryam Radjavi a été essentiel pour permettre aux femmes de se prendre en charge et de diriger ce mouvement. J'ai été victime de fausses informations. Je suis ici parce qu'après 15 ans passés avec vous, je sais que nous sommes au bon endroit. Aujourd'hui, lorsque je suis confrontée aux mensonges et à la diabolisation de Maryam Radjavi, je me sens mal. Les femmes de la Résistance iranienne sont inspirées par Maryam Radjavi. Il ne s'agit pas d'une guerre des sexes, mais d'une révolution culturelle. »

Exprimant son admiration pour les prisonnières politiques iraniennes qui ne plient pas devant les mollahs, Dominique Attias, avocate française de renom, s'est adressée au public féminin iranien et a déclaré : « Combien êtes-vous, filles et femmes de la résistance iranienne en France et de par le monde, à sacrifier également votre bien-être, vos vies de famille, pour un idéal auquel vous avez consacré votre vie ? Rendre au peuple d'Iran sa souveraineté et sa liberté. Vous ne voulez ni Shah ni Mollah. Héritière d'un Iran millénaire, où les femmes ont toujours combattu la tyrannie. Vous suivez la trace de celles qui, comme en 1906, plus d'un siècle, au début de la révolution constitutionnelle, sont descendues dans la rue, armées, pour lutter contre l'oppresseur de l'époque. Vous avez eu le courage et la modernité avec à vos côtés des hommes éclairés, que je salue aussi. Vous avez eu le courage et cette grande modernité de vous choisir une femme, comme leader, Mme Mariam Rajavi, qui, depuis tant d'années, prône l'égalité des femmes et des hommes dans un Iran moderne. »

Soulignant qu'il n'y aura pas de changement en Iran sans changement de régime, Linda Chavez, qui a été directrice des relations publiques de la Maison Blanche, a cité les tenants de la complaisance avec les mollahs qui ont déclaré : « L'Iran n'est pas vraiment prêt pour un changement de régime. Il n'y a pas vraiment de force organisée capable de provoquer un changement de régime. » Elle a répondu : « Apparemment, ils n'ont jamais assisté à une réunion du CNRI ou vu les membres de l'OMPI parce qu'ils sont prêts, à la seconde près, à exécuter ce type de changement de régime. » Elle a également parlé de la campagne de désinformation menée par le régime contre la résistance iranienne et a déclaré : « J'ai moi aussi eu ce genre de personnes qui sont venues me dire : "Oh, vous savez, vous devez vraiment être très prudent. Ces gens sont un peu louches. Peut-être devriez-vous les éviter. Vous devriez vraiment faire des recherches et y regarder de plus près. Et au fait, ils n'ont aucun soutien en Iran. " Elle a ensuite répondu : « Je trouve toujours cela très étrange parce que lorsque je viens aux conférences, il y a souvent des images satellite de personnes dans les rues des villes d'Iran. Il y a des centaines, des milliers de personnes. Au cours de l'année écoulée, le mouvement a commencé à attirer de plus en plus de monde. Mais je pense aussi qu'il est important de comprendre que si ce mouvement n'était pas une menace pour les mollahs de Téhéran, alors pourquoi dépensent-ils autant d'argent, d'efforts et même de violence pour essayer d'arrêter ce mouvement ? »

Dans son discours, Candice Bergen, ancienne ministre canadienne et chef du Parti conservateur, s'est adressée à Maryam Radjavi en ces termes : « Votre leadership est une source d'inspiration pour les femmes et les hommes. Et je tiens à vous remercier pour la façon dont vous incluez les hommes. Nous ne disons pas que les femmes sont contre les hommes de quelque manière que ce soit. Nous sommes unis pour la liberté, la démocratie et les valeurs que nous défendons. Je célèbre aujourd'hui les femmes qui font partie de ce mouvement, qui ont été placées à des postes de direction par Madame Radjavi. Vous avez placé ces femmes à des postes de direction, non pas pour qu'elles servent de jetons, non pas pour qu'elles cochent une case, non pas pour qu'elles remplissent un quota, mais pour qu'elles fournissent un véritable leadership, de solides capacités de prise de décision, parce que parfois, nous, les femmes, sommes comme ça, nous disons : "Pouvons-nous faire cela ? Je ne suis pas sûre d'être celle qui doit le faire". Et vous avez dit à ces femmes : "Oui, vous pouvez le faire, je crois en vous et je vais vous encadrer". Et ces femmes se sont levées et ont fait preuve d'un leadership incroyable, d'un leadership au service des autres".

Ce magnifique rassemblement s'est achevé par des interprétations musicales de deux célèbres chanteuses de musique classique, Gisou Shakeri d'Iran et Maria Daneshvar d'Afghanistan

Hamid Enayat 

Le spécialiste de l’Iran est basé en Europe. Militant des droits de l'homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales. Il est en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.