« Merci aux militant.e.s de m’avoir accordé leur confiance ! Je mettrai, comme à chaque fois, toute mon énergie pour défendre notre région et ses habitants! Vous pouvez compter sur nous ! », c’est ainsi qu’ Özlem Özen, originaire de Roselies, dans l’entité d’Aiseau-Presles, commente la nouvelle sur sa page Facebook. L’actuelle députée et l’actuel secrétaire d’Etat à la relance seront les leaders de l'arrondissement Charleroi-Thuin pour les régionales. Le problème, c’est que dans la section socialiste du Hainaut, la nouvelle fait des remous, et notamment du côté de Aiseau-Presles. Et pour cause ! Souvenons-nous.

La carrière politique d’Özlem Özen débute en 2006 à la suite des élections communales. Engagée au sein de la liste PS de la commune d'Aiseau-Presles, elle brigue un échevinat dès sa première participation aux élections. Bingo ! Elle devient aussitôt troisième échevine, en charge de la Culture et des Sports. En 2010, elle est élue vice-présidente fédérale de la Fédération PS de Charleroi. En 2012, elle sera réélue échevine de la Culture, de l’égalité des chances et de la Santé. En 2013, elle devient Présidente faisant fonction de la Fédération du Parti Socialiste de Charleroi à la suite du décès de Patrick Moriau. En 2010, elle devient députée fédérale à la suite d'élections législatives anticipées, grâce aux votes de préférence, avec 9.256 voix (à la 7ème place). Et en 2014, elle est réélue. Une ascension rapide, donc …

Un pas de côté qui passe mal

En août 2018, deuxième sur la liste PS à Aiseau-Presles en vue des communales d’octobre, Özlem Özen décide alors de se retirer pour privilégier les élections fédérales de mai 2019. Le choix stratégique personnel passe mal au PS. L’Union Socialiste Communale publie alors un communiqué : « Le Parti socialiste d’Aiseau-Presles a pris acte du retrait d’Özlem Özen de la liste PS pour le scrutin communal du 14 octobre prochain. Notre députée fédérale a pris la décision de se consacrer à sa carrière parlementaire. Nous lui souhaitons plein succès dans cette entreprise. Fort heureusement, les socialistes aiseau-preslois comptent en leurs rangs de nombreux et nombreuses militant.e.s de qualité (…) » 

Surprise du chef de dernière minute, les résultats du scrutin donnent trois sièges à des élus carolo, Caroline Taquin, Roberto d’Amico et Özlem Özen. Le trait est tiré. Bye, bye, donc, les préoccupations locales pour l’aiseau-presloise, même si la presse régionale félicite l’élue en ces termes : « un charme indéniable et un CV politique déjà bien rempli pour Özlem Özen, dont le prénom, en Turc, peut signifier autant le désir que la nostalgie »

Oui, mais encore … 

131.658 euros bruts, c’est le salaire annuel actuel d’un député. Cela comprend une rémunération de base de 102.858 euros, ainsi qu’une indemnité de frais de 28.800 euros. À titre de comparaison, le Belge moyen gagne environ 45.900 euros bruts par an, selon les derniers chiffres de Statbel. Il est donc normal que les citoyens attendent un minimum d’efficacité politique. Quel est le bilan du travail d’Özlem Özen ? Il n’est pas très gras ! Peu de propositions déposées et peu de présence dans l’hémicycle parlementaire, ce pourquoi vous ne la connaissez peut-être pas. Et pourtant, son minois ne passe pas inaperçu sur les réseaux sociaux, en bikini sur la plage, cheveux au vent et une paire de lunettes rouges aux couleurs de son parti sur le nez. Top pour la couverture de Vogue, mais en politique, cela suffit-il ?

Au sein du parti socialiste, les voix sont plus que sont dissonantes à l’annonce de sa désignation pour (co)mener la liste régionale 2024. Il se murmure qu’Özlem Özen aurait été « bien positionnée » en échange de son silence sur certains « sujets délicats », ce qui alimente les frustrations. « Vous n'avez pas de couilles ou alors elle nous tient par les couilles (…) Si certains pensent qu' Özen est efficace, Özen ne travaille que pour Ozen », est un échantillon des commentaires qui fusent de la section socialiste du Hainaut et notamment du côté de Aiseau-Presles.

A l’évidence, le scénario se répète à chaque élection. Il y a des heureux(euses), il y a des déçus et il y a ceux qui avaient une place en vue, mais qui ont été sacrifiés par leur parti. Et le PS en est un bel exemple récurrent. C’est à tout le moins bien jouer pour « l’heureuse » Özlem Özen. Le Hainaut étant la province wallonne la plus peuplée, cela lui donne, a priori, de bonnes chances de passer en bon ordre de marche des votes !