
Une journée à peine, réduite encore par le temps consacré à la visite de son ami notoirement gay, le chanteur Fally Ipupa. Les photographies ont rappelé les précédentes : chaque fois, l’on y voit la France incarnée par un homme au regard stupéfiant tant il paraît halluciné, au bord de l’extase, tout proche de corps masculins tropicaux luisant de transpiration. À Kinshasa, la rumeur s’interroge quant à savoir lequel fait l’homme ; n’en déplaise aux commissaires internationaux de la propagande politiquement correcte. En Afrique, ça ne passe pas ; quel autre chef d’État se serait comporté de la sorte ?
Arrivé de nuit, parti de nuit, à l’abri des regards. Hormis le bain de foule, sous bonne garde, et au milieu des fans de Fally Ipupa, la visite-éclair du technocrate de l’hexagone s’est déroulée loin des gens. Jupiter, à l’abri, s’est plu à se poser encore en donneur de leçon, maladroitement de surcroît. S’adressant au Chef de l’État hôte, il lui a asséné à l’adresse des Congolais : « depuis 1994, vous n’avez pas été capables de restaurer la souveraineté ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays ». Le fait est indéniable. Vu de l’extérieur, tout État indépendant doit assumer sa souveraineté, Congo y compris, et la corruption endémique a fait le jeu de groupes armés. Vu de l’intérieur, la leçon laisse perplexe, car le byzantin omet le rôle de la communauté internationale qui a recommandé au pays, au fil des années, s’agissant de groupes armés ralliés, leur intégration aux FARDC, l’Armée régulière ; ce qui a littéralement désintégré celle-ci.
Quant aux éléments de langage de la « macronitude », les contradictions de sa fameuse pensée complexe ont été relevées à Kinshasa. Ses détracteurs ont rappelé qu’il avait rendu hommage aux héritiers des victimes de la Shoah tandis qu’il tient un autre propos envers les héritiers des colonisés. Certes, l’un et l’autre ne sont pas sérieusement comparables, d’autant que beaucoup de pays africains connaissent maintenant des situations pires qu’à l’époque coloniale ; alors, qui victime de qui ? Rien à voir avec l’ignominie de la Shoah. Mais cette discrimination victimaire entre héritiers est intellectuellement insensée. S’agissant de la colonisation, Emmanuel Macron affirme que sa génération ne l’a pas connue et que la quasi-totalité des Africains ne l’a pas connue non plus. C’est incontestablement vrai, et il est tout aussi vrai que l’Afrique se portera mieux lorsqu’elle aura cessé de s’inscrire en une perspective victimaire.
Or, à Kinshasa, précisément, ce qui caractérise Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, c’est qu’il s’inscrit en perspective constructive, et non victimaire. Emmanuel Macron aurait pu souligner ce changement de mentalité ; il est capital. Et il s’étonne des déboires, particulièrement sous son double quinquennat, de la diplomatie en Afrique. Au fait, Jupiter a supprimé le corps diplomatique ; il n’a pas besoin de diplomates. Et il est de cette clique mondialiste qui néglige les frontières ; que pense-t-il vraiment de celles du Congo ?