La loi du 7 mai 1999 stipule que les jeux de hasard doivent être agréés par la Commission des jeux de hasard. C'est le cas pour tous les fournisseurs de ces jeux, qu'il s'agisse de la Loterie nationale ou d'opérateurs privés. Toutefois, la Loterie nationale est partiellement exemptée de la loi sur les jeux de hasard en ce qui concerne ses loteries, étant donné qu'elle a obtenu un monopole sur les loteries et qu'elle opère dans le cadre de la loi du 19 avril 2002. Pour les autres produits, elle doit se conformer aux dispositions de la loi sur les jeux de hasard et obtenir une licence pour ces jeux, entre autres choses.  C'est également le cas pour les jeux dits « Woohoo », que la Loterie nationale propose sur son site web", a déclaré la Commission des jeux de hasard dans un avis récent. Elle considère ces jeux comme des jeux de hasard, étant donné qu'il s'agit de produits similaires que les opérateurs privés proposent également. Et cela s'accompagne d'une obligation. Une licence doit être demandée, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. « En ne délivrant pas de licence pour ces jeux, la loterie nationale, qui est une entreprise publique, entre dans l'illégalité et fausse la concurrence », affirme le député Tomas Roggeman.

Sous le feu des critiques

La Loterie nationale elle-même est d'un avis différent, affirmant que ces jeux ne sont que des loteries, raison pour laquelle elle n'a pas demandé de licence de jeu. Ce faisant, la société va directement à l'encontre d'une conclusion de l'autorité officielle de régulation du marché des jeux.

La loterie nationale a déjà, par le passé, tenté de se soustraire à cette réglementation, en essayant d’obtenir une dérogation à la loi sur les jeux de hasard et les paris, mais celle-ci a été annulée par la Cour constitutionnelle.  Ses jeux de hasard et ses paris doivent donc être conformes à la loi sur les jeux de hasard. La loi du 5 mai 2022 a également clarifié ce point. « Afin de garantir une protection égale des joueurs et si elle veut être en conformité avec la loi, la Loterie nationale doit donc obtenir une licence pour ses jeux Woohoo et cesser de grapiller du terrain en marchant sur des oeufs » estime T. Roggeman. Il demande donc au ministre compétent d'attirer l'attention de la Loterie nationale sur ce point.

Des résistances de toutes parts

Les libraires, qui vendent leurs produits, s’insurgent eux aussi. Ils ne sont plus satisfaits de la manière dont ils sont traités. Leur rémunération ne cesse de diminuer, alors que les bénéfices de la Loterie Nationale augmentent. L'organisation professionnelle des libraires francophones, portée par son président, Walter Agosti, vient d’introduire une action en justice pour dénoncer ce mode de fonctionnement de la Loterie Nationale « qui devient chaque jour plus agressif. Tant dans sa manière de faire de la publicité que dans ses relations avec les points de vente. Cela ne peut plus durer », conclut T. Roggeman.