Activisme et discours stratégique

Les médias traditionnels ont lourdement mis l’accent sur ceux qui reprenaient le pire de la première version et, il faut le dire, quelques inventions qui ne figuraient nulle part, comme l’apprentissage à l’orgasme.  Mais le texte « corrigé » par les mêmes activistes est tout aussi abominable.  Le procédé fait penser au communisme où il s’agissait de « corriger les erreurs » sans jamais remettre en cause la doctrine !  Car la lecture de l’EVRAS adopté est proprement édifiante et orwellienne ! 

D’abord l'écriture inclusive est employée tout au long de l’ouvrage. « Le iel.s est une contraction de il.s et de elle.s. Ce pronom n'est pas genré ». Compris ? Ce guide pédant et jargonnant se veut, bien sûr,  « non-hétéronormatif » : vous suivez toujours ?  

La partie la plus délirante est à partir de la page 159. Dès 5-8 ans, il faudrait « prendre conscience que l’identité de genre peut être identique ou différente de celle assignée à la naissance » par ces salauds de gynécos sans doute ! Et connaître « la différence entre identité de genre et sexe biologique » et dès 5-6 ans, « consolider sa propre identité de genre car il y a une prise de conscience des attente liées aux stéréotypes. Certains jouets ne seraient pas attribués au genre féminin ou masculin » Ah oui, fille ou garçon, à 5-6 ans, c’est un stéréotype, il ne faudrait surtout pas que les filles jouent seulement à la poupée et les garçons avec des camions de pompiers.

L’idéologie à l’assaut du dictionnaire

Dès 9-11 ans, il faudrait savoir « les identités de genre (cisgenre, transgenre, homme, femme, non- binaire, agenre, etc.) et les expressions de genre (féminine, androgyne, masculine) ; Les différentes identités de genre (cisgenre, transgenre, agenre, genre fluide, genre non binaire, etc.) ; Les notions LGBA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, asexuel·le, pansexuel·le) ; Les services et personnes ressources pour les personnes LGBA+ ; L’homophobie, la lesbophobie, la biphobie, la transphobie, le sexisme, l’intersexophobie, l’acephobie, etc. Identifier des situations et attitudes discriminatoires homophobes, lesbophobes, biphobes, transphobes, sexistes, intersexophobe, acephobes, etc. » Dès 9 à 11 ans !

Cisgenre, transphobie, asexuel.le, pansexuel.e, biphobia, intesexophobie, acetophobie, mais c’est un véritable dictionnaire du wokisme qui nous est servi ! Les auteurs de ce torchon ont-ils eu des enfants ? Et combien d'affreux « biphobes » et « d'intersexophobes » en Belgique ? Cela existe-t-il ou cela a-t-il germé dans l’esprit de ces gens un soir où ils avaient un peu trop fumé ?

Appliquer la déconstruction woke

Tout est ainsi à l'avenant. Et pourtant, l'Accord de coopération formalisant l'EVRAS, qui inclut le guide, a été voté le 7 septembre dernier, à l’unanimité, par tous les partis, du PTB au MR, sans AUCUNE voix contre !  Pour changer le texte, il faudra désormais l’accord de la Région wallonne, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la COCOF ! Autant dire Mission impossible même pour Tom Cruise ! 

Signe des modifications tectoniques à l'œuvre dans nos sociétés, seules des associations musulmanes ont protesté contre l’EVRAS, alors que les représentants catholiques (y compris ceux de l'enseignement) sont aux abonnés absents. A terme, l'affrontement entre progressisme et islamisme, pour le moment alliés afin de détruire la civilisation occidentale, est inévitable.

Il faut bien sûr condamner sans réserve les actes violents qui ont été commis ces derniers jours contre des écoles, mais il faudrait aussi avoir un vrai débat sur l’EVRAS adopté, jeter le texte à la poubelle et repartir d’une feuille blanche avec d’autres intervenants ! Voilà madame la ministre PS, chers ex-collègues du Cdh et du MR, ce qu’il faudrait faire ! 

Alain Destexhe