« Je soussigné(e) certifie que mon déplacement est lié au motif suivant… », tous les Français se souviennent de ces auto-attestations à remplir comme du confinement qui les accompagnait et les vérifications policières qu'elles autorisaient. La France s’est dotée d’un système de surveillance généralisée, propice à une « fabrique d’inquiètement » collectif et à une mise en culpabilité systémique puisque chacun était désormais soupçonnable. Pourtant, rares sont les bilans consacrés à ce versant coercitif de l'enfermement national. C'est tout l'enjeu de cette enquête. L’analyse des auteurs revient sur cette période (extra)ordinaire au regard des questions qu’elle soulève en matière de suspension des libertés et d'obéissance collective.

La production du conformisme

L’ouvrage qui traite de cet « état d’urgence » particulier présente deux versants : le premier est consacré aux formes de la coercition d’État. Le second est réservé aux logiques du conformisme et aux figures du refus.

Pendant 55 jours, en France, les forces de l'ordre firent le vide sur l'ensemble du territoire, y compris dans les espaces naturels que survolaient des drones et des hélicoptères. Assistées par d'improbables auxiliaires et de nombreuses délations, elles procédèrent à 21 millions de contrôles et infligèrent 1,1 million d'amendes. 

Cette situation où tout le monde, aisé ou pauvre, habitué à donner des ordres ou à en recevoir, était soumis aux mêmes interdits et aux mêmes vérifications, apparaît historiquement singulière. « Elle offre l'opportunité d'étudier grandeur nature la production du conformisme (qu'est-ce qu'obéir à l'État ?) et son ancrage social ». 

« De la claustration totale au refus des règles, cet ouvrage suit les lignes de conduite qu'empruntèrent les confinés français, soumis à une surveillance massive dont on trouvait alors, en Europe et dans le monde, bien peu d'équivalents ».

Pour les sceptiques, les sources et les méthodes mobilisées dans le livre, ainsi que l’ensemble du code informatique nécessaire à la production des analyses statistiques et d’autres ressources complémentaires, sont présentés et commentés sur le site : https://l-attestation.github.io/

Une sélection de courtes vidéos permet de retrouver l’atmosphère de la période : https://l-attestation.github.io/films.html

L’entretien accordé à Nicolas Mariot au journal du CNRS à lire ici :

Covid-19 : bilan d’une surveillance massive
https://lejournal.cnrs.fr/articles/covid-19-bilan-dune-surveillance-massive