Briser la confidentialité à des fins récréatives

Les employés ayant accès aux séquences enregistrées par les caméras des voitures sont appelés des étiqueteurs. Leur travail consiste à identifier les éléments non reconnus par le logiciel afin d'entraîner l’intelligence artificielle, notamment dans le but d’améliorer la conduite autonome. Dans les bureaux de San Mateo, en Californie, le fait de partager des images et des mèmes créés à partir d'images permettait de gagner des points dans un jeu malsain entre employés.

C’est ce que révèlent neuf anciens salariés de l’entreprise qui ont accepté de témoigner de manière anonyme auprès de Reuters. Parmi ces vidéos, l’une d’entre elles montre un homme s’approchant de son véhicule dans son garage et complètement nu. Une autre, un accident dans lequel une Tesla percute, dans un quartier résidentiel, un enfant qui vole dans une direction et son vélo de l’autre. Cette vidéo aurait circulé dans de nombreux bureaux de l’entreprise. 

Des vidéos soi-disant anonymisées

Dans sa politique de confidentialité, le constructeur assure pourtant qu’il n'associe pas les données du véhicule générées par la conduite à l'identité des conducteurs et qu'il ne partage pas la localisation ou les activités des clients avec qui que ce soit. Les propriétaires de Tesla peuvent toutefois consentir au partage des données, ce qui permet de partager les enregistrements des caméras avec l'entreprise afin d’améliorer le système de vidéos intégrées. Mais, même si les clients donnent leur accord, les enregistrements sont censés rester anonymes et ne pas être liés à un individu.

Des enregistrement géolocalisés

Or, l’un des employés qui dénonce ces agissements a déclaré qu'il était possible pour les étiqueteurs de données de Tesla de voir aussi l'emplacement des séquences capturées sur Google Maps, ce qui pourrait potentiellement révéler l'adresse du domicile d'un propriétaire de Tesla. Et de préciser : « la pratique du partage d'images est une violation de la vie privée et pour être honnête, j'ai toujours dit en plaisantant que je n'achèterais jamais une Tesla après avoir vu comment ils traitaient certaines de ces personnes ». 

C’est loin d’être la première fois que Tesla est pris dans un scandale relatif à la protection de la vie privée. Il y a quelques mois, c’est l'autorité néerlandaise de protection des données (DPA) qui avait lancé une enquête sur les caméras du mode Sentinelle, après que l’institution ai jugé qu’elles pouvaient représenter une violation des lois sur la protection de la vie privée. Les charges avaient finalement été abandonnées.

Il est à noter que Reuters n'a pas pu obtenir les vidéos que les anciens employés ont affirmé avoir partagées et n'a pas pu déterminer si la pratique du partage était généralisée ou si elle se poursuivait encore aujourd'hui. Il reste à voir si Tesla va ou non réagir à ces nouvelles accusations graves.