La jeune fille vient d’entrer à l’université, elle étudie les sciences politiques et la musique, ses deux passions. Mais cette interpellation est vue d’un mauvais œil par les deux parents.

En tant que responsable de l’un des départements les plus actifs du commissariat, Jaye se montre intransigeant. Il jouit d’une réputation d’équité absolue et de discernement parfait. Mais sa fille le mène par le bout du nez.

Hana avait été la fierté locale, la fille talentueuse et sportive qui avait réussi en partant pour la ville. Elle avait gravi les échelons patiemment, avec constance, jusqu’à devenir une enquêtrice réputée pour sa pugnacité et son sang-froid. Un jour, au début de sa carrière, il y eut la terrible manifestation et cette intervention musclée…

Hana replonge dans son enquête actuelle et pense à la scène de crime, une pièce secrète, dissimulée derrière une cloison, à l’homme pendu. Près de lui, une inscription en forme de spirale. La policière a comme adjoint Stan, vingt-trois ans, sorti de l’école de police major de sa promotion, et apprécie surtout qu’il ne confonde pas les bancs de l’académie avec le monde extérieur. Le jeune homme sait qu’un grade sur une épaulette ne représente pas grand-chose. Elle le trouve intelligent. Il apprend vite et, plus important encore, il a envie d’apprendre.

Quelques temps après, les enquêteurs retrouvent à nouveau ce même symbole en spirale à côté d'un autre cadavre. Un moko.

Le moko facial (tatouage traditionnel permanent des Māoris) donne autant d’informations sur son possesseur que la double hélice d’un brin d’ADN. Il retrace son histoire, son héritage, la tribu dont il est issu, la lignée de ses ancêtres, les exploits qu’il a accomplis, son statut et l’honneur qui lui échoit.

Un incroyable mélange d’instinct et de déduction permet à l’enquêtrice de relier ces deux assassinats avec celui commis cent soixante ans auparavant : six soldats britanniques ont injustement exécuté un chef maori pendant la colonisation brutale et sanglante de la Nouvelle-Zélande. Hana comprend que les meurtres sont un utu, le rituel māori qui cherche à réparer un crime du passé. 

Pour Gary, le vieux policier, les enquêteurs, c’est comme les chiens. « J’ai de l’ancienneté : je sais faire la différence entre ceux qui flairent une vraie piste et ceux qui aboient après les voitures qui passent. » 

C’est alors qu’une vidéo tourne sur les réseaux sociaux. Le tueur est devenu le maître des horloges, c’en est hallucinant. L’homme qu’Hana voyait n’était pas l’homme qu’elle recherchait. Il ne ressemblait pas à un tueur sanguinaire, à un psychopathe. Elle avait aperçu un individu déchiré par la douleur et la peine.

Lancée à la recherche du premier tueur en série de Nouvelle- Zélande, Hana Westerman va devoir choisir son camp, entre la fidélité à ses origines et sa loyauté à la police.

Michael Bennett nous offre un roman haletant, dans le cadre idyllique d’Auckland à la beauté incomparable. Dans cette cité multiculturelle érigée au milieu de l’océan Pacifique, on parle couramment une trentaine de langues. La mixité de la population est abordée avec beaucoup de tact et ne manque pas d’intérêt. Mais sous la carte postale se profile une réalité moins reluisante. En effet, le passé est beaucoup moins idyllique que le présent et des ombres sinistres planent sur les flancs des volcans. C’est qu’Aotearoa – le nom Māori de la Nouvelle-Zélande -, véritable jardin d’Éden, a eu une histoire coloniale pleine de fureur et de sang. L’auteur use avec doigté de l’Histoire, des injustices de l’histoire. Une intéressante découverte aussi de ces mouvements pacifistes qui militent pour la restitution des terres ancestrales. 

Dette de sang – Michael Bennett – Éditions EQUINOX Les Arènes – 2023 – ISBN 9791037508263