En matière de radars tronçons, la Flandre joue franc jeu : tous sont signalés sur le site wegenenverkeer.beLa carte indique précisément tous les radars tronçons, et annonce même ceux qui sont sur le point d’être déployés. Les automobilistes pressés sont donc avertis et pourront donc voyager confortablement et en connaissance de cause sur le lisse béton flamand. Pas d’effet de surprise, donc pas de coup de frein brutal et maladroit en voyant la boîte embusquée, l’automobiliste est prévenu, même si les panneaux manquent souvent à l’appel. Au total, ce sont quelque 300 tronçons qui sont annoncés, avec les coordonnées de latitude et de longitude s’il vous plaît. Même en sortant votre sextant, vous devriez encore parvenir à les éviter…

En Wallonie, on change complètement de décor. Les radars tronçons ont fleuri plus vite que les pissenlits ces derniers mois. A tel point, d’ailleurs, que les autorités semblent avoir perdu le fil : il existe deux sites supposés les recenser, mais le premier (inforoutes) ne propose aucune carte, tandis que le second (trafiroutes.wallonie.be) n’a plus été mis à jour depuis des… années ! Et ne parlons même pas de l’interface, qui semble dater de l’âge de pierre… Les autorités savent-elles seulement que ces sites existent encore ?

Si le but est de prévenir les accidents, un radar doit également avoir un but préventif. Un automobiliste pressé découvrant un radar au dernier moment, risque de donner un brutal coup de frein, avec les risques que cela suppose ! Ce qui aurait évidemment un effet contraire au but sécuritaire annoncé…

Mais de quoi est-il réellement question ? De sécurité ou d’égo ? S’il s’agissait réellement de sécurité, l’état des routes ne serait-il pas tout aussi primordial ? Aujourd’hui, rouler à la vitesse réglementaire sur certains tronçons pourrait être qualifié d’acte suicidaire ! Avec des routes dont l’état fait parfois davantage penser à une zone de guerre qu’à une fesse de bébé, les automobilistes et autres motards sont souvent contraints de zigzaguer sous peine de perdre une roue ou un élément important de leur système de suspensions. Difficile de qualifier les routes wallonnes de sécurisantes, notamment pour les conducteurs de deux-roues dont la monture prend rapidement des allures de marteau-piqueur…

S’il s’agit d’une question d’investissement, le radar-tronçon semble en tous cas une très mauvaise niche : la France les démantèle à vitesse Grand V. En effet, un radar-tronçon coûte cher et flashe en moyenne 5.000 fois par an contre 14.000 fois pour un radar fixe. Que ce soit dans le grand Hexagone ou au sein de la petite Wallonie, l’extorsion sous couvert de la sécurité de l’utilisateur semble être un grand indémodable. Tristes peuples…