Marie Jansen, travaille depuis trois ans au département de l’European Serious Organised Crime Centre (ESOCC), organisme chargé de la surveillance et de la répression du crime organisé. Agent de liaison d’Europol, elle collabore avec la police anglaise sur le meurtre de l’oligarque. Un an de travail vient de tomber à l’eau. Un an à sillonner l’Europe, un an à vivre en pointillés… Europol et la police anglaise avaient prévu d’interpeller le milliardaire dans les toutes prochaines heures pour extorsion, blanchiment d’argent, corruption publique et trafic d’êtres humains. Mais quelqu’un lui a réglé son compte avant. Qui a pu commanditer l’assassinat du serbe ? Marie observe une dernière fois le cadavre. Sa peau grise, sa gorge ouverte en un sourire démoniaque, les traces de sang sur sa chemise blanche. Elle a beau être dégoûtée par le spectacle d’horreur, elle ne ressent rien. Car elle connaît l’homme qui gît là. Ce qu’il a fait. Les surnoms qu’on lui a donnés au fil des années : Le Président des ombres, le Chuchoteur… Miroslav Horvat méritait de mourir. Mais pas maintenant…

Lorsque son attention est attirée par une inscription sur la baie vitrée : « Chè la mia ferita sia murale. »  Six mots qu’elle est certainement la seule à comprendre : « Que ma blessure soit mortelle. »

23 juin 1993. Le Pradet, France. 

Ici, on l’appelle le Taiseux. Ange Biasini a beau s’être installé au Pradet, petit village tranquille du Var, depuis trois ans maintenant, il reste encore une énigme pour ses habitants. « Il est discret… Un peu trop… », « Il ne parle jamais de son passé ». En réalité personne ne connaît vraiment Ange Biasini. Souvent, juste avant qu’il n’aille ouvrir le club, il vient prendre un café au Marigny, sur la place du village. 

Trentenaire, Ange a « quelque chose », un magnétisme... Des cheveux bruns mi-longs, une barbe qui lui mange le visage, un nez cassé. Cette peau tannée par le soleil et les épreuves. Des yeux noirs toujours plissés, encadrés par des cernes épais et des sourcils charbonneux. Un regard qui ne fixe pas trop, qui est ici et toujours un peu ailleurs. L’homme a une silhouette trapue comme s’il était las, usé. Il y a aussi la douceur, surprenante, de sa voix. Quand il parle, c’est le monde autour qui se tait un peu. Ange plaît, il le sait. Mais il n’en profite pas. On a remarqué, bien entendu, son accent, tranché, traînant, facilement identifiable. Il ne peut pas s’en cacher. Ange le concède, il vient de Corse, du nord, de la Balagne. Mais il n’ajoute rien. À ceux qui commencent à lui parler de son pays, il répond, souvent : C’est une belle île, oui… Mais ça reste une île. Et j’en ai fait le tour. »

Subtilement, avec grand art, l’auteur s’apprête à mettre la machine en route. Comme un grand chef en cuisine, il dispose ses meilleurs couteaux, les observe, passe le doigt sur un tranchant, prend le fusil et affûte encore légèrement. Olivier Bal s’est hissé, en quelques ouvrages, à la hauteur des meilleurs auteurs de thrillers. La construction du récit est précise. Le choix des mots est chirurgical. Le rythme soutenu. Les personnages sculptés, leurs caractères ciselés.

Il y aura Théo, Ange, Dumè, Fred, (c’est-à-dire Farid « le basané », un fils d’émigrés marocains), les quatre inséparables, le gang des Biasini. Enfants, ils slalomaient entre les citronniers alors que le vieux Mattei les coursait en hurlant « Cristacciu ! Foutez le camp de chez moi ! », son fusil à la main. 

Il y aura Orso Biasini, le père de Théo et de Ange, le parrain du clan Mistral qui régnait sur la partie nord de l’île. Ensuite, l’oncle Barto qui, quand il parlait de sa terre natale, répétait : « Notre île, c’est une montagne dans la mer. Nous ne sommes pas un peuple de marins, mais des montagnards cernés par les eaux ». Puis le sinistre Francis Venturi, le nouveau parrain et toute sa clique.

Dans ce thriller captivant, l’auteur nous fera découvrir son amour pour l’Île de Beauté, son histoire, sa culture. Ses époustouflantes descriptions des lieux, des larges baies, des sentiers des montagnes voisines, sont autant d’invitations à partir à la découverte de ce qui a nourri l’écriture de l’écrivain.    

Roches de sang – Olivier Bal – XO Éditions – 2023 – ISBN 9782374484853