On entend, venant de derrière les immeubles, un bourdonnement continu, la respiration métallique de la ville. Après le quatrième coup, l'homme prend sa première et unique initiative. Il lève la tête pour regarder en l'air, tandis que simultanément il enfonce ses mains dans son manteau. Qui irait gaspiller ses ultimes forces pour tomber par terre les mains dans les poches ? Cela ressemble à un non-sens, à un message muet lancé par-dessus les toits : Je m'en vais, indifférent à ma fin. 

Il est tombé sur le dos lorsqu'il reçoit les coups suivants. Le meurtrier n'est plus pressé. Il s'est agenouillé à côté de lui et le perfore systématiquement et obstinément autour du même point. On doit entendre au moins quelques gémissements de douleur, mais la pluie s'est intensifiée et couvre tout autre bruit. Durant quelques secondes, les deux têtes se touchent presque. De loin, le bourreau et la victime semblent sur le point de s'embrasser ou d'échanger un précieux secret. C'est parfois la même chose.

Témoin de la scène, Justine Garaud, une dame de soixante-huit ans, professeur de piano et résidente du quartier est formelle : un deuxième individu faisait face à la victime et, comme enlacés, ils semblaient danser avant le drame. 

Dépêchée sur les lieux, la police découvre le cadavre de Gunnar Richter, un entrepreneur d'origine allemande, qui parvenait à vivre confortablement de ses gains en Bourse et sur les marchés étrangers, poignardé avec une arme mystérieuse et introuvable.

L’inspecteur Maxime Tullier, un solitaire perpétuellement éméché qui ne jure que par sa « putain » de vodka, fouine. La pluie a littéralement tout nettoyé sur la scène du crime. De son côté Zoran Nekić, serbe, légiste à l’institut médico-légal, passe en revue divers types de baïonnettes et d’épées. Il aura beau faire… il ne parvient pas à imaginer avec précision cet instrument meurtrier. Il est contraint de noter de sa belle écriture : « Un couteau acéré à double tranchant, long, effilé. » 

Pour Théodore, le fils du défunt, celui-ci était demeuré au fond un inconnu, un point d’interrogation silencieux. Il engage alors le détective privé Chris Papas pour l'aider à rapatrier le corps de son père en Grèce où ce dernier voulait être inhumé. Papas est un homme qui a vécu à Hambourg et qui est de retour dans la ville grecque d’Aigon. « Autrement dit, pour être engagé comme détective, je dois d’abord faire le croque-mort… »

Peu de temps après, c'est au tour de Théodore de disparaître…

C'est là, dans le cimetière d'un petit village, que Papas va trouver une vieille carte énigmatique qui le conduira aux confins du désert du Kalahari, laissant derrière lui le seul être qui lui est cher, sa chienne Betty Blue qui adore la poésie et la musique, comme la plupart des chiens d’ailleurs.  C'est entre les contrées du Sud de l'Afrique, la Grèce et les toits de Paris que le détective solitaire tentera de résoudre l'affaire de la famille Richter.

Dans l’ombre, un personnage sans visage à la silhouette mince, de petite taille, vêtu de noir. Il a en revanche de l’énergie, de la volonté, de la persévérance. 

Dans la nuit noire, une impasse épaisse et brûlante : « Ce n’était pas de l’air. C’était l’haleine de l’Enfer. »

Quelque part aux confins de l’Afrique du Sud et de la Namibie…  Un navire baptisé l’Utopia est au mouillage… Que se passait-il là-bas ?

Polar trépidant, roman d'aventures et de voyages, Le Couteau des sables est une plongée fascinante dans les mécanismes d'une vengeance aux multiples visages. 

Le couteau des sables – Minos Efstathiadis – Éditions Actes Sud – ISBN 9782330177409