Ce qui traverse les siècles, c’est cette certitude, pour ceux qui aiment les arts, d’avoir en Toscane une maison de vacances, une retraite pour se consacrer à la musique, aux musées, aux petites églises qu’il faut se faire ouvrir, aux folles dépenses dans des boutiques dont les vitrines sont agencées avec talent, au pecorino poivré, « pepato », podestat des fromages, et tant pis si chacun sait que ce sont des clichés. La Toscane des romans de Paul Bourget, que nul ne lit plus, leur a survécu. Maupassant a fixé dans les pages où il raconte ses périples le long des côtes italiennes, La vie errante, ce qui en son temps était devenu un lieu commun. Chez Georges Sand aussi – que Proust aimait lire depuis son enfance -, dans Histoire de ma vie, la Toscane, paysage mental, était d’abord un rêve de Toscane, une hallucination.

 

Ce dictionnaire voudrait être cela : une mosaïque et un rêve.

 

Avec la visite des abbayes, des monastères, des couvents, nous avons l’impression d’être des moines sortis du Nom de la Rose d’Umberto Eco. Ces édifices n’offrent pas que des nourritures spirituelles ; ils produisent aussi des aliments d’autant plus sains que leurs étiquettes adoptent un genre médiéval et des cosmétiques naturels, qui répondent parfaitement aux actuelles aspirations écologiques.

Les Toscans n’ont pas d’accent, c’est le reste de l’Italie qui parle très bizarrement. C’est du moins ce que ces « sacrés Toscans » (voir « Malaparte ») vous disent, car s’ils s’écoutaient parler… L’accent florentin n’est beau que parce qu’on pense qu’il donne à entendre ce qu’a peut-être été la diction de Dante ou de Michel-Ange, « mais en tout état de cause, il est proprement incompréhensible » nous confie Goetz.

D’occurrence en occurrence, l’auteur nous parlera d’architecture, d’astrologie et d’astronomie. Qui n’a pas en mémoire des noms tels que Boccace, Botticelli, Dante, Machiavel, Pic de la Mirandole et de Savonarole et de combien d’autres personnages qui ont forgé l’Histoire de la Toscane.   

Villes et villages nous offrent leurs clés, palais et musées dévoilent leurs richesses. 

La cuisine toscane relève elle aussi de l’arte povera !  Ou comment réaliser de délicieuses recettes à partir de modestes ingrédients. La gastronomie toscane a tout pour plaire aujourd’hui, le goût pour les légumes domine : tomates, épinards, courgettes, etc., viandes et charcuteries et fromages seront de la fête. Les tables d’hôtes ou des restaurants débordent de mets et de vins les plus fins. Dolce, desserts et confiseries rivalisent de goût. Autant être damné.

Tailleurs, chausseurs et bottiers feront la mode. Les maroquiniers la suivront. Tous ces artisans, férus de design feront la part belle aux prestigieuses boutiques, leurs produits alimentent le commerce mondial du luxe. Aujourd’hui, avec Milan, Florence est restée le centre de la alta moda. 

Adrien Goetz, de l'Institut, enseigne l'histoire de l'art à la Sorbonne. Auteur de nombreux romans à succès qui ont tous trait au monde de l'art et des musées, il est le directeur de la rédaction de Grande Galerie - Le Journal du Louvre. Il a été élu en 2017 à l'Académie des beaux-arts.

Avec son Dictionnaire amoureux de la Toscane, il signe, une fois encore, un ouvrage qui ne manque pas de sel.

Dictionnaire amoureux de la Toscane – Adrien Goetz – Éditions Plon – 2023 – ISBN 9782259278997