Cet épisode du conflit qui déstabilise tout l’est du Congo s’inscrit, comme tant d’autres, dans un cadre qui de facto entrave la pacification. Et par ce fait même, c’est tout le pays qui est menacé de balkanisation. À l’occupation territoriale s’ajoute l’infiltration institutionnelle sous couvert de droit des minorités. Influence internationale, le Congo a été incité, pour ne pas dire contraint, à se doter de normes juridiques de protection. Selon la doxa mondialiste, il en irait de l’intérêt de tous sous prétexte qu’en un pays aux tribus dénombrées par centaines, tout individu appartiendrait à une minorité. Or, l’enjeu ne se situe pas là. En réalité, il s’agit de protéger la minorité tutsie face au groupe des bantous. A priori, l’œuvre est pacifique, mais Kigali instrumentalise des Tutsis par l’entrisme au sein de l’Armée régulière ainsi que par le développement, sur le territoire congolais, pas uniquement au Kivu, de communautés agricoles. L’occupation s’étend. Et le facteur juridique dissuade le Congo de s’opposer aux avancées rwandaises. Jusqu’au jour où…

Un déni de réalité

La palme du déni de réalité est à décerner à la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en 2020, l’Algérienne Leila Zerrougui, qui a cru judicieux de prétendre ceci à Kinshasa : « Est-ce que vous avez des Congolais qui veulent se séparer du Congo et créer un État ? ». Afficher un tel niveau de niaiserie, c’est se moquer du pays. La balkanisation n’est pas le fait de séparatistes mais d’ingérences extérieures qui entretiennent la rébellion. Le jour-même, cette responsable de la MONUSCO a affirmé l’objectif international : « Nous voulons construire une Afrique sans frontières avec une économie intégrée, nous voulons une Afrique qui va d’Alger à Cape Town ». Autrement dit, la MONUSCO s’emploie à propager l’idéologie mondialiste. En cela, elle abuse de son mandat.

L’archevêque de Kinshasa, Monseigneur Fridolin Ambongo, lors des tueries à Beni en 2017, avait lancé un appel au respect des Congolais, en déclarant qu’elles étaient « des actes réfléchis, planifiés » ; ajoutant « cela se vérifie à travers le remplacement de la population déplacée par des populations généralement rwandophones ou ougandophones ».

L’on tente de faire passer pour un mythe le processus de balkanisation du Congo. La bien-pensance y voit une théorie du complot, procédé classique de censure. La polémique au sujet d’un hypothétique complot relève de la diversion, car l’essentiel n’est pas là. Main invisible ou non, le fait est que le pays se désintégrera si Kinshasa ne parvient pas à inverser les tendances lourdes d’ingérences extérieures, sans parler de l’objectif post-national avoué de l’absorber en un espace d’Alger à Cape Town. Priver un État de ses frontières, c’est l’annihiler.