Pour éviter les pluies acides*, nous apprenions voici quelques jours que Namur avait fait construire un tunnel de 20 mètres pour € 2 millions afin que les petits escarpins de nos « ministrucules » ne soient pas humectés entre leur descente de bagnole et leur intromission (nous avions d’abord écrit « pénétration » mais l’ambiance woke nous pousse à la sagesse) au parlement wallon. A Bruxelles, pas de tunnel pour Brucity mais tout de même un très beau parking. Et dam, ce joli parking, il faut bien le remplir.

 

Plein de voitures ? On ne sait jamais !

La mine un peu défaite, sans doute suite aux résultats du dernier sondage électoral assez défavorable à son parti, Triste Sire, premier échevin écolo-groen n’a pas cru possible que les seuls vélos suffiraient à cette tâche d’où sans doute cet accord-cadre de 48 mois portant sur un leasing opérationnel de véhicules électriques, soit 40 à 45 véhicules pour €2,7 millions. Benoît Hellings nous rassure d’emblée, « il s’agit d’un montant maximum ».

Le MR calcule vite que cette bagatelle porte le prix de la « berline compacte » à € 68.000, un tarif que David Weytsman a eu beaucoup de difficulté à retrouver dans le privé... Même Bertin Mampaka (MR) ironise quant à savoir si la ville se fournit chez Tesla ou Bentley.

 

Les échevins roulent carrosse électrique

La PTB El Bakri, pour sa part vent en poupe dans les sondages, voudrait surtout savoir à qui sont destinés ces petits véhicules autonomes, symboles d’une ère révolue chez les écolo-progressistes. L’œil ingénu, elle se demande si la majorité écolo-progressiste ne se retrouve pas face à une contradiction : investir des montants pareils dans des véhicules, en pleine inauguration Good Move... « Le but n’était-il pas de diminuer le nombre de voitures ? »

Certes, mais pas pour les échevins. Car il s’agit bien de « véhicules de société » destinés à la fois aux directeurs généraux, aux échevins et... au bourgmestre.

Au cas où quelqu’un se demanderait encore si le cirque Good Move s’adresse vraiment à tous, la réponse vous est fournie noir sur blanc : pas pour les élus. 

 

Cohérence déraisonnable

Apprenant cela, le MR Weytsman trouve l’addition plutôt salée. Hellings tente une piètre argumentation sur le prix « assez cher des véhicules électriques » dû aux méchants du film, soit la Chine pour les composants et la Russie pour la guerre. Sans doute mais pourquoi s’en plaindre dès lors que toute utilisation des alternatives hybrides ou thermiques sera bientôt interdite ? L’autre embrouillamini concerne le nombre de véhicules : pourquoi en prévoir 45 s’il en faut, en réalité, 24 ?

Tortillant sur son séant, Triste Sire finit par avouer que l’offre intéressera peut-être également le CPAS... Et qui d’autre ? Silence radio. Weytsman propose un comité secret pour obtenir la liste des joyeux conducteurs. El Bakri le reprend : pourquoi « secret » ? « Je ne vois pas pourquoi il faudrait cacher le nom des bénéficiaires aux contribuables. » Nous non plus.

 

3.200 portemanteaux et moi, et moi, émoi !

Après les véhicules, il faudra aussi prévoir des porte-manteaux dans le splendide bâtiment Brucity. Et pour accomplir cette tâche, un budgeteke de... €80.000. Mathilde El Bakri, décidément très en forme en cette rentrée, a calculé que ce montant pouvait couvrir l’achat de... 3.200 unités. Ce qui lui paraît être... « beaucoup de portemanteaux ».

Heureusement, Hellings précise : « 150 portemanteaux, 160 crochets et patères... il s’agit ici aussi d’un marché à montant maximum » et d’ajouter, fielleux : « vous avez des questions très intéressantes, Madame El Bakri, questions qui seraient plus dignes d’être posées en section. »

 

Le point Goodwin du climat

Mais Bakri ne se laisse pas démonter par le conseiller du Prince Jean : « ça fait tout de même cher le portemanteau. Je ne vous confierai jamais mon budget, Monsieur Hellings. » Et là, magie, Hellings lui rétorque : « Et moi, l’avenir de nos enfants. »

Nous y voilà : l’écologiste un peu nerveux qui se fait reprendre sur n’importe quel sujet peut désormais assener son propre point Goodwin : si vous mettez ma parole en doute, c’est que vous n’aimez pas les poumons des petits enfants. Rappelons que nous parlions de portemanteaux !

 

Et encore € 82.000 pour... Brucity

Parlons de plantes alors, toujours avec Hellings, face à Coomans de Brachène (MR) cette fois qui, en duo avec Weytsman, voudrait en savoir plus sur ce nouveau contrat de 24 mois pour la fourniture et l’entretien de plantes destinées à... Brucity. Pourquoi un contrat de 24 mois et surtout pourquoi ne pas accorder ces marchés à des sociétés de la région ?

Deux bonnes questions auxquelles le premier échevin accorde le même mépris qu’à Mathilde El Bakri : « Portemanteaux, plantes vertes... la loi communale a changé et désormais arrivent devant le conseil des points un peu plus triviaux, plus techniques... » Weystman l’interrompt : « ni trivial, ni technique, il s’agit de € 100.000. Je sais que l’argent n’a pas d’importance pour vous mais c’est conséquent. » 

 

L’économie locale, c’est pour les autres

De son côté, Coomans réfute le fait qu’Hellings n’ait pas trouvé de prestataire à Bruxelles : « je m’inscris en faux. Allez voir le marché local. Les pépinières de Boitsfort, pour prendre un exemple que vous devriez bien connaître, mais il y en a plein d’autres. Et vous êtes toujours responsable des serres de Sterrebeek qui sont liées à la ville. Que vous soyez dans l’opposition ou dans la majorité, vous ne dites pas la même chose. » Si la tendance des sondages se maintient, nous serons rapidement fixés quant à cette dernière assertion.

En attendant, Triste Sire choisit, ici encore, de se larver dans le silence plutôt que d'expliquer à la population ses bonnes recettes pour vaporiser l'argent gratuit des autres.