L'indépendance de la Flandre : Dave Sinardet n'y croit pas. Il n'aperçoit pas de modèle viable et réalisable pour scinder la Belgique. Le sort de Bruxelles, la dette nationale et l'opposition de l'UE y feraient obstacle. « Il nous a fallu 50 ans pour diviser une seule circonscription, dit-il. Imaginez le temps que cela prendrait de diviser le pays ! » De surcroît, des études sérieuses indiquent que seuls 10% des Flamands sont favorables à la scission du pays. Ce n'est pas une coïncidence si, depuis une quinzaine d'années, la N-VA a changé de discours, dit-il, et ne parle plus que de confédéralisme, et non de séparatisme. 

L'État-nation : Le principe de l'État-nation et du nationalisme est de mettre le peuple en harmonie avec l'État et de permettre au peuple de se gouverner en tant que nation. La question, selon Dave Sinardet, est de définir ces notions, non seulement en Belgique mais aussi dans d'autres pays (Espagne, Grande-Bretagne), or on ne peut s'affranchir des opinions contradictoires qui existent tant au niveau populaire que politique. Reste qu'une réponse appropriée aux grands défis de notre temps (les migrations, le terrorisme, le réchauffement climatique) ne se conçoit qu'au niveau supranational et que, quant à la Belgique, à défaut de s'entendre sur une position commune entre régions et communautés, elle n'a pas voix au chapitre.

L'UE : Le fait de réduire les pouvoirs politiques de l'UE et de favoriser les accords bilatéraux entre pays ne constituerait pas non plus une avancée face à ces défis et à d'autres comme, par exemple, l'imposition des grandes multinationales, qui sont, de par leur nature même, transfrontaliers. Dave Sinardet convient néanmoins de ce que le fonctionnement des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement) devrait évoluer vers plus de transparence et de démocratie.

Le citoyen ordinaire n'a-t-il pas, comme l'affirment les détracteurs des structures supranationales (UE, OTAN), de moins en moins son mot à dire ? Sinardet fait observer que ces instances offrent un effet de levier pour en faire plus. Il est très difficile qu'un État-nation ait encore une emprise sur un monde qui s'est nolens volens globalisé.

Une circonscription fédérale : Sinardet est d'avis qu'une circonscription fédérale atténuerait le déficit démocratique en Belgique. Actuellement, un électeur ne peut voter que pour une moitié des partis qui le gouvernent. Lors des dernières élections fédérales, les francophones de Belgique n'ont pas pu voter pour le parti dont est issu l'actuel premier ministre et il en alla de même pour les Flamands lors des précédentes élections. C'est assez unique, car, dans la plupart des pays, on peut voter pour le parti du premier ministre. En Belgique, un parti peut gouverner le pays entier et n'être responsable que devant la moitié de celui-ci. Les différentes réformes de l'État ont abouti à ce que les partis se partagent le pays et les plus grands accroissent leur pouvoir dans leur groupe linguistique respectif.

Une circonscription fédérale n'est pas la panacée. Elle pousserait le personnel politique à prendre en compte les électeurs de tout le pays et diminuerait ainsi les tensions communautaires et le déficit démocratique. Elle n'empêcherait toutefois pas les membres d'un même groupe linguistique de se chamailler entre eux au sein du gouvernement fédéral et de créer de l'instabilité, forçant les partis de l'autre groupe linguistique à se positionner. PS et MR en font la démonstration.

L'imagination au pouvoir : Il n'y a pas que chez nous que former un gouvernement prend de plus en plus de temps. Mais, dans d'autres pays d'Europe, la classe politique se montre plus inventive et n'hésite pas, par exemple, à porter au pouvoir des gouvernements minoritaires. L'un des avantages de procéder de la sorte est de conférer plus de pouvoir au parlement.

Il faut aussi, dit Sinardet, cesser de diaboliser les gouvernements qui n'auraient pas de majorité dans l'un des groupes linguistiques si cela en favorise la cohésion idéologique. Il préconise également des « coalitions moins évidentes » (comme en Autriche où les Verts se sont alliés à un parti de droite radicale) et la suppression de la parité linguistique au sein du gouvernement.