C’est très tendance. « Pauvre con », « tocard », « connard », les politiques laissent aussi échapper l’insulte entre eux et leurs débordements défrayent régulièrement la chronique. En février 2022, Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, est traité de « connard qui vit sur son nuage de CO2 » dans un tweet partagé par Benoît Friart (MR), bourgmestre du Roeulx. En mais 2022, c’est Georges-Louis Bouchez qui se fait traiter de « connard de président du MR » par un haut responsable de la FGTB. Si la question de l’exemplarité d’un élu politique se pose, nos critères de choix électoraux nagent de manière déconcertante dans ce verbiage. Christel Petitcollin, formatrice en communication et développement personnel, livre son analyse dans les pages de nos confrères du Huffington Post. Morceaux choisis.

De l’assurance péremptoire

« L’électeur sélectionnera spontanément un candidat sûr de lui, qui a réponse à tout et qui prétend avec assurance avoir des solutions à tous les problèmes. Dans un contexte non électoral, peut-être verrions-nous l’arrogance et la stupidité d’une telle attitude, mais ce n’est pas sûr. Des études ont prouvé que nous avons tous tendance à faire confiance aux gens péremptoires. Cela a d’ailleurs été démontré dans les catastrophes collectives : à chaque fois, malgré ses doutes, le groupe a cédé devant l’aplomb de l’un de ses membres. Or, les gens intelligents sont plein de doutes et les imbéciles pleins de certitudes ».

Vive les filous !

L’électeur veut aussi que le candidat sache tout sur tout. Quoi ? Jean-François Copé ne connait pas le prix d’un pain au chocolat ? Quel nul ! « La naïveté, c’est surtout de croire que nos représentants doivent tout savoir sur tout. Il doit surtout être bien entouré. La seule personne qui répond à tous les critères ne peut-être qu’un manipulateur : enjôleur, menteur, bluffeur, vantard, égocentrique, cupide et profiteur, mais hélas, ne tombant cyniquement le masque qu’une fois dans la place », poursuit Christel Petitcollin. Quand ils ne sont pas mis en examen pour diverses entorses à la légalité et néanmoins réélus par leurs électeurs, « ce qui prouve aussi que la probité et l’intégrité ne font pas partie des critères citoyens. Par manque d’éthique, l’électeur se vole lui-même », 

Tout le monde s'en plaint, ils rendent les gens dingues et pourtant, le connard n'a rien à voir avec le con. Pour paraphraser ce pourfendeur de la connerie qu’était Pierre Desproges : « le con est bête, il croit que le con c’est l’autre ». Et pourtant, le con, c’est l’électeur. C’est vous, c’est moi, c’est nous. L’élu ne fait que s’en servir de manière magistrale en faisant passer ses manquements pour une « sage décision ». À l’heure où les citoyens sont de plus en plus mécontents de ceux qu’ils ont eux-mêmes portés au pouvoir, avant les prochaines élections, ne serait-il pas temps de nous poser les bonnes questions et, surtout, de revoir les critères de représentation sur base desquels nous élisons nos politiques.

« Ceux qui peuvent renoncer à la liberté essentielle pour obtenir un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni la liberté ni la sécurité. » - Benjamin Franklin (An Historical Review of the Constitution and Government of Pennsylvania, 1759)