Si Philippe Close s’était appelé Christophe Colomb ou Marco Polo, il existerait une forte probabilité que nous n’ayons jamais découvert l’Amérique ou mangé des pâtes : bloqué dans une maille apaisée, chaque explorateur aurait été bien trop occupé à tenter de rejoindre l’un ou l’autre « commerce à 10 minutes » au milieu d’un océan de véhicules immobilisés. Heureusement pour notre génération, ce que l’écolo-progressiste Close n’a pu réaliser pour l’Amérique et la gastronomie italienne, il le concrétise à Bruxelles.

 

Devant l’incrédulité et les yeux ébahis de la populace qui ne sert qu’à voter (et encore, pas beaucoup), même Charles Picqué, gloire socialiste bruxelloise s’il en est, est descendu de son Aventin pour déclarer* que, intra-muros, « le risque d’une désertification existe ». Bien vu Magellan !

 

Les Urgences face à l’urgence... de ne rien faire

Voilà plus de 6.000 ans** que le commerce et le développement se basent sur l’échange et la communication. Et voilà que, tout comme Magnette souhaitant éradiquer l’e-commerce mondial, son avatar bruxellois, bourgmestre d’origine namuroise jamais sorti des urnes, redéfinit les frontières économiques de « sa » ville en décrétant seuls dignes de roulage les véhicules les plus biscornus qui sont aussi, très souvent, les plus dangereux.

 

Respect du test, mépris des habitants

A telle enseigne que les dangers du nouveau plan de (non-)circulation deviennent le point de cristallisation d’un échevin de la mobilité, Bart Dhondt (Ecolo-Groen), totalement halluciné, répétant, tel un perroquet sous ecstasy, qu’il est urgent de ne rien modifier... avant 6 mois. Un test, mon bon monsieur, ça se respecte nom d’une platée de quinoa.

Comme souvent en cette matière, toute la clique du conseil communal fait semblant de regarder ailleurs. Ambulances bloquées, pompiers démotivés, policiers retardés... Décidément, pour emmerder l’automobiliste blanc cis-genre qui travaille, de préférence néerlandophone, tout est bon. Et s’il devait y avoir un « malheureux incident », ce serait Ecolo-Groen qui porterait le chapeau. Toujours ça de pris dans les intentions de votes.

 

Le PS en Picqué

Est-ce à dire que le PS, mis à mal dans les sondages, adopterait, par la plume du grand Charles, une distance sanitaire envers son partenaire écolo en vue des prochaines élections communales ? C’est mal connaître la mécanique progressiste et prendre les confidences d’un vieux sage quasi retraité pour un signe de renoncement serait faire preuve de naïveté.

En attendant, si le double langage trouble (un peu) la communication, le bourgmestre peut poursuivre ses closeries tandis que le cacique de Saint-Gilles donne l’impression de rassurer les foules par un « je vous ai compris » bien gaulois à défaut d’être gaulliste.

Pour clore, provisoirement, ce chapitre, saluons encore une fois nos bourreaux flamands, la ci-devant Elke Van den Brandt et le citoyen Smet : jamais deux obscurs tâcherons politiques rassemblant si peu de voix n’auront eu autant de pouvoir de nuisance que ces deux histrions. A ce niveau, c’est la mise en bière, flamande et définitive, d’une certaine conception de la démocratie. Pour ceux qui y croyaient encore.

 

Morgue intercalaire

Pendant que le Pentagone se désespère, la rentrée communale du 5 septembre dernier a démarré, osons le dire, sur les chapeaux de roue : des intérêts de retard, de l’argent gratuit offert à tous (cf. Pan de la semaine dernière pour une revue de détail) et du pognon, encore du pognon et toujours beaucoup de mauvaise foi dans le chef du demi de mêlée qui porte désormais des lunettes pour répondre aux questions. Ça fait tellement plus sérieux.

 

Do, do, do, da, da, da...

N’est pas Sting qui veut et lorsque Close évoque la promesse faite au célèbre Raoni Metuktire, chef de tribu Kayapo et emblème de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne, c’est avec un petit trémolo dans la voix qu’il défend le versement d’une obole de 50.000 € à l’association Rainforest Organization. Outre le sempiternel covid, Close explique le retard de ce versement (la visite a eu lieu voici 3 ans), par le fait qu’il a fallu vérifier où partait l’argent vu qu’il s’agit d’une association... française qui empoche l’enveloppe.

 

Amazoniaque

Il est vrai qu’entre la suspecte « Rainforest Amazon Foundation » ***, la plus célèbre « Rainforest Foundation », association officielle du chanteur Sting et du cinéaste belge Jean-Pierre Dutilleux et maintenant cette « Rainforest Organization » ... le risque de perdre l’argent du contribuable n’est pas négligeable même s’il semble moindre par rapport à ce qui se passe au quotidien dans notre pays.

 

Cela étant, nous réitérons nos critiques sur cette possibilité grotesque donnée aux communes de faire joujou à l’international, a priori quand elles sont sans le sou. Car, contrairement à Sting, le versement de 50.000 € à Raoni pour le bornage de la forêt amazonienne, sort de la poche des contribuables. Pas de celle du grand chef de la tribu des Bruxellois.

 

Comment ruiner une bonne nouvelle

Souvent accusé de ne pas terminer ses dossiers, le grand homme de la majorité de Bruxelles-ville se pourlèche les babines face aux prochaines échéances : promis, juré, toute l’administration aura déménagé dans le nouveau bâtiment Brucity (ex-parking 58) d’ici le 15 décembre et « tout le monde sera très content » d’inaugurer le Beer World Brol (Temple, Experience, Planet... on ne sait plus) dans l’ex-bâtiment de la Bourse.

 

Deux faits d’armes qui devraient permettre, on l’espère pour lui, de faire oublier quelque peu les abyssales finances locales, le bide de Néo, les dettes à croissance rapide des hôpitaux, le chaos permanent du Bois de la Cambre et le bordel (il n’y a pas d’autres mots) du fameux plan de circulation dans le Pentagone... Le Good Move sera-t-il récompensé ?

 

La cervoise est une recette

Avec 3.500.000 € versés par la région au chantier du Belgian Beer Temple, la fête continue. Même si ce montant était annoncé, Coomans de Brachène (MR) crie à la gabegie et au scandale. « En quittant la majorité en 2018, nous en étions à 30 millions tout compris. Nous en sommes à plus du double et on ne sait pas où ça s’arrête. C’est absolument scandaleux. » Même son de cloche issu des rangs du PTB (Mathilde El Bakri) et de l’Open VLD (Els Ampe). Les communistes évoquent même un audit ! Ouh le vilain mot...

Close veut calmer les ardeurs de l’opposition : « ce montant n’est pas une dépense mais une recette, soit la première tranche de 3,5 millions sur 12 millions prévus par la région (NDLR : en fait 29,8 millions). » Par ailleurs, il rappelle que les brasseurs et même les ministres fédéraux dont le MR Clarinval trouvent le projet particulièrement cool. « C’est un projet que j’assume et je comprends que vous ne soyez pas d’accord. »

 

2,5 milliards de BEF

comme dirait ma mère

Mais Coomans est fâché : « on ne peut pas tout justifier, il faut être sérieux. En 2011, j’émettais déjà des doutes sur le planning et le budget. Voici 11 ans, j’étais pour ainsi dire visionnaire. Vous avez tendance à tout vouloir changer puis déclarer que vous assumez avec l’argent des Bruxellois. C’est vous qui avez décidé de tout désosser de la cave au plafond et aujourd’hui, on en est à 62 millions et, cette facture colossale, il va falloir expliquer aux 185.000 Bruxellois que c’est sur leur dos qu’elle pèsera. »

Plus terre à terre, El Bakri (PTB-PVDA*) rappelle que si c’est une « recette », c’est surtout de l’argent public... qui va bel et bien être dépensé et Els Ampe (Open VLD) ramène la Bourse au milieu du village : « la question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre le projet mais combien vous avez dépensé et combien vous allez dépenser encore. Vous ne répondez pas et nous ne recevons aucun chiffre. » Silence de l’agneau Close.

 

Une demi-brique ou 5 patates ?

Manque de bol aussi dans le second dossier puisque la ville devra encore débourser 525.000 € d’intérêts intercalaires liés aux deux mois de retard pris par l’agréation provisoire du bâtiment Brucity. C’est ballot d’autant qu’il semble que dernières les hautbois et les musettes du déménagement, de nombreux éléments (matériel, mobilier, signalétique...) sont encore à commander. Ces nombreux suppléments épinglés « Centre 58 » ****, pour changer de Brucity, devraient faire une soudaine apparition au cours de l’exercice 2023.

 

Bataille de chiffres

« En tous les cas ici, c’est un coût, pas une recette » ironise le MR David Weytsman, tout en se demandant pourquoi ce dossier, opaque selon lui, génère des frais de retard alors que le bâtiment est à disposition depuis plus d’un an... Le MR souhaiterait une vue globale. Close acquiesce faussement : « je vous comprends ». Coomans de son côté soutient que le transfert aura coûté plus de 5,5 millions avec un surcoût de 2 annuités de loyer.

Réfutant le calcul de Brachène, le professeur Close ânonne l’article de la convention de prêt pour expliquer cette demi-brique intercalaire à payer à AG Real Estate, soit 3 % sur 2 mois d’une somme de 105 millions. Le début du règlement définitif interviendra début novembre.

« Ok Monsieur Coomans, on est nuls, on ne sait pas gérer mais on a ramené nos retards à 2 mois. C’est tout de même très peu. Et Monsieur Coomans raconte des choses qui sont fausses. » Mais en fait... pas tout à fait.

Car si tout était si en ordre, pourquoi prévoir à l’ordre du jour du 19 septembre prochain une garantie de plus de 2,5 millions “pour bonne et entière exécution des obligations”. Affaire à suivre.