Mais McCoy a un autre chat à fouetter : attendre Stevie Cooper à la sortie de la prison de Peterhead, située en haut d’une falaise au-dessus d’Aberdeen. L’homme n’avait pas beaucoup changé, le teint un peu plus pâle que d’habitude, mèche blonde, blouson rouge sur un jean. Il semblait avoir pris du muscle en prison, il s’était élargi. Il avait dû faire de l’exercice.

— Alors, c’était comment ? s’enquit McCoy. T’as pas fait tomber ta savonnette dans les douches ? Cooper haussa les épaules. Ne rit pas. Six mois de taule. Il s’en est passé des choses…

D’autres bombes explosent dans la ville de Glasgow. Le chœur de la cathédrale a été visé. Pour McCoy, seul comptait l’avis de Hughie Faulds, un mètre quatre-vingt-treize, le seul membre de la police écossaise qui y connaisse quelque chose en explosifs. 

Billy Weir, le numéro deux de Cooper, détonnait : bomber en cuir, coupe de cheveux en pétard et jean rapiécé… Cette petite frappe se trouvait dans le collimateur de l’inspecteur en chef Murray.

Or, la disparition de quelques jeunes recrues de la base de l’Armée territoriale des Royal Highland Fusiliers sous le commandement du lieutenant Meiklejohn, un brave type, allait rapidement laisser entrevoir à McCoy qu’elles n’étaient peut-être pas toutes des enfants de chœur.

Dans la campagne, « Le Zoo » une communauté de jeunes marginaux va attirer l’attention de l’enquêteur. La ferme est la propriété de Margo Linsday, une femme aux longs cheveux roux, peau claire, des yeux vert vif, l’accent pointu… magnifique, même en tenue de travail. La bande se rend parfois en ville au volant d’une impressionnante Daimler dorée, propriété du colonel Lindsay, le frère de la belle rousse. 

Dans la soirée du 16 avril, un message avait été dicté par téléphone au commissariat : « Les Fils des 51 » sont responsables des attentats qui ont frappé la brasserie de Duke Street et la cathédrale de Glasgow…

Kenny Barnes, petit pour un flic, un gars maigre et nerveux, envoyé par les Renseignements, allait débouler comme un chien fou dans l’enquête de Harry McCoy. 

Alan Parks emmène ses lecteurs dans la période trouble des années 70. L’IRA faisait la une des journaux, des attentats meurtrissaient la population. Que faisait McCoy l’année dernière à l’enterrement de Seamus Cooper, un membre connu de la branche Belfast-Ouest de l’IRA ? 

Tout au long de son roman, l’auteur garde le rythme, alternant récits et dialogues avec rudesse et sauvagerie. 

En réalité, sous la surface, toutes les vies étaient perturbées, même des…

« Quand j'ai commencé le carnet des Morts d'avril, nous confie Parks, je n'avais que quelques vagues idées. Je savais que je voulais écrire sur la base navale américaine du Holy Loch. Je savais aussi que je voulais mettre une sorte d'armée privée dans le livre, et qu'il soit question de boxe. Je voulais raconter l'histoire d'un homme qui n'a rien à perdre, qui a toutes les cartes en main et contrôle une situation. J'ai donc collé des photos du pasteur nord-irlandais Ian Paisley dans un champ, de Marines américains roulant en Cadillac à Greenock, une photo du boxeur américain Canelo Alvarez. »

Au fur et à mesure que mon idée prenait corps, j'ai eu besoin d'une communauté, et c'est ainsi que des photos de Paul McCartney dans sa ferme au début des années 1970 se sont retrouvées dans le carnet. À un moment donné, l'histoire s'est centrée sur deux frères, un bon, un méchant, et donc j'ai ajouté des photos de frères. Comme l'un des personnages était une séduisante femme d'âge mûr avec un problème d'alcool, j'ai inclus une photo de Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Vous ne pouvez pas évoquer l’Écosse sans citer La déclaration d’Arbroath,  signée en 1320 par un groupe de nobles, cinquante et un,  pour être précis et rédigée en latin sous la forme d’une lettre envoyée au pape Jean XXII. Ce document est une déclaration d’indépendance de l’Écosse sous le règne de Robert the Bruce et permet de justifier le recours aux forces armées si elle se trouvait injustement attaquée. Et lorsque vous vous asseyez à votre table pour écrire, vous disposez d'une sorte de banque de références visuelles. Parfois cela influence directement votre écriture, vous utilisez l'image comme base pour une description. Dans d'autres cas, l'image est le support d'une ambiance, d'une attitude, elle sert à alimenter votre courant de pensée.

En revanche, toute la matière ne se retrouvera pas dans le roman. Certains fils de l'histoire s'arrêtent net, un personnage va se modifier au cours de l'écriture... », confie l’auteur.

Lecteurs, à vous de juger !

Flamboyant !

Les morts d’avril – Alan Parks – Éditions Rivages/Noir – 2023 – ISBN 9782743659073